L'histoire :
Au sein d’une grande ville de planète Sird, les parents de Tiwa lui offrent le plus beau des cadeaux : un petit om ! La jeune Draag peut même aller le choisir parmi une portée de jumeaux, alors même qu’ils sont encore allaités par leur mère, dans leur cage translucide circulaire. Ils sont potelés, ils ont les cheveux blonds et bouclés, ils sont vraiment trop mignons… Tiwa jette son dévolu sur l’un des deux et le baptise « Terr », parce qu’il est le plus terrible des deux. Il lui faut attendre quelques semaines, que Terr soit sevré. Le temps se déroulant 45 fois plus vite chez les oms, Terr marche déjà lorsque Tiwa l’accueille dans sa salle de nature. Tiwa met un collier à Terr (ça l’empêche de trop s’éloigner) et l’installe dans son omerie (sorte de panier / cage). Dès lors, elle et son petit om seront inséparables. Même lorsqu’elle doit apprendre ses leçons, elle négocie avec ses parents de pouvoir câliner son om en même temps qu’elle porte son casque d’apprentissage. Les semaines passent – les années, pour Terr ! Il grandit dans la bienveillance de sa maîtresse, tout en assistant aux mêmes sessions d’apprentissage qu’elle. Terr apprend donc à parler et retient énormément de notions techniques essentielles. Le jour où la famille s’aperçoit de cette culture hors normes pour un om, c’est trop tard : Terr s’est échappé et il a même emporté dans sa fugue le casque d’apprentissage de Tiwa…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a 10 ans, le premier des trois tomes de Oms en série, roman de Stefan Wul publié en 1957, inaugurait une collection d’adaptations que l’éditeur Ankama consacrait à cet auteur français de science-fiction. La série des 3 tomes était bouclée en 5 ans, en voici donc aujourd’hui la version intégrale au même grand format. Pour le pitch : au lendemain d’une apocalypse redoutable, l’humanité a régressé et s’est retrouvée expatriée sur une autre planète. La voilà l’équivalent de nos animaux, dont les maîtres sont des aliens géants bleus aux yeux rouges. Le contexte initial offre au lecteur une relativité très intéressante sur le statut de dominant/servile. Les hommes sont des « oms », dociles et abêtis... par manque de sollicitation culturelle. Cette inattendue et vexante condition humaine permet le même type de réflexion que celles qui nous vient en visionnant le film de Truffaut, L’enfant sauvage : l’intellect est-il inné ou acquis ? On note aussi le vertueux message qui place l’apprentissage, la culture et la transmission du savoir comme armes premières de liberté et d’émancipation. Plus classique, le développement de l’intrigue met par la suite en scène un jeune om, un héros « élu » appelé Terr qui, au terme d’un parcours initiatique, devient salvateur, libérateur et reconstructeur d’une humanité rapidement résiliente. Jean-David Morvan adapte librement la chose en une intrigue idéalement séquencée et palpitante, chaque « tome » correspondant à une époque de la vie de Terr. Enfin, de son trait encré juste et précis, complété de couleurs pêchues, Mike Hawthorne imagine le décorum idoine, foisonnant et futuro-kitsch. On note aussi la chouette couverture signée Olivier Vatine, pilier de Comix Buro qui a dirigé la collection des Univers de Stefan Wul.