L'histoire :
10 janvier 2011. L’ETA , organisation basque indépendantiste, décide de déposer les armes pour de bon après plus de 50 ans d’existence et plus de 800 assassinats et des centaines de mutilés. Cet armistice inédit va bouleverser le destin d’une Espagne encore divisée par la haine et le nationalisme depuis la mort de Franco. Au cœur de ce conflit, deux familles et deux femmes se font face : Bittori et Miren. Amies d’enfance et séparées par le terrorisme, l’une est la femme d’une victime assassinée, et l’autre la mère d’un terroriste qui a passé beaucoup de temps derrière les barreaux pour ses actions violentes commises au nom de l’ETA. Bittori, veuve de Txato, un entrepreneur tué pour avoir refusé de payer une seconde fois son impôt révolutionnaire, revient dans son village natal de la région de Guipuscoa qu’elle avait quitté après le meurtre de son époux, contre l’avis de ses enfants, Xabier et Nerea. Maintenant âgée et malade, elle compte bien découvrir ce qu’il s’est passé ce jour-là et qui a assassiné Txato. Et si c’était Joxe Mari, le fils de Miren enrôlé par le groupe terroriste et qui a été vu au village le jour du meurtre ? De son côté, Miren et son mari Joxian s’inquiètent du retour de Bittori. Et si elle venait réveiller des plaies encore vives ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Difficile de s’attaquer à une œuvre aussi riche et forte que celle de Patria et d’égaler la puissance du roman de Fernando Arambu. Comme le dit si bien lui-même Toni Fezjula, à la manœuvre pour cette adaptation en BD, ça n’a pas été une mince affaire de réduire 650 pages de pure virtuosité à 277 planches... Pourtant, l’homme a su s’en tirer haut la main en reprenant à son compte toute l’essence de l’œuvre initiale et en réussissant le tour de force d’adapter un récit polyphonique où huit narrateurs s’alternent pour prendre la parole et donner leurs versions des faits. Pour ce faire, Fezjula découpe sa bande dessinée en fonction des personnages mis en avant, en jouant sur un code couleur plutôt bien pensé. Et même si l’homme a parfois pris quelques libertés en s’écartant parfois de la chronologie originale, cette adaptation de Patria reste de haute volée, notamment portée par des dessins d’une intensité remarquable. En définitive, le travail de Toni Fezjula sur Patria est phénoménal et témoigne d’un savoir-faire indéniable. Cette BD n’a pas à rougir face à l’œuvre originale de Fernando Arambu, tant la qualité de retranscription du récit est présente. Chapeau !