L'histoire :
Dans un million d'années, la Terre est devenue inhospitalière. L'Humanité a trouvé refuge dans un gigantesque vaisseau appartenant à la société Tianzhu, une entreprise qui régit chaque geste du quotidien de ses habitants. Travail, consommation et animoïdes sont devenus des choses courantes. Scott se charge d'explorer des zones inconnues ou des vaisseaux abandonnés pour Tianzhu. Ses découvertes doivent rester secrètes car depuis quelques temps, un mouvement rebelle dénonçant le manque de liberté prend de l'importance au sein du navire spatial. Malgré les questions de ses équipiers, Scott ne dit jamais rien. Il est habitué à effectuer ses tâches, recevoir de l'argent et le dépenser dans des produits conçus par sa société. Pourtant, il remarque parfois le sort subi par des animoïdes, des hybrides d'humains et d'animaux tels que des chiens ou des chats. Un jour, alors qu'il doit effectuer une mission, il découvre quelque chose d'inattendu, de ceux dont Tianzhu se serait bien passé et qui pourrait bien semer le trouble dans son esprit...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En l'espace de quelques années, le parcours de Mathieu Bablet n'a eu de cesse d'étonner. Entre son amour des univers atypiques et son talent croissant de dessinateur, l'artiste a passé les étapes avec assurance et réussite. Après la mythologie d'Adrastée, l'auteur s'essaie à un registre inédit pour lui : la science-fiction et plus spécifiquement le space-opera. Shangr-La se présente dans un album à l'édition soignée, grand format et dos toilé et avec un récit dépassant les 220 pages. Avec un tel ouvrage, nous en prenons plein les mirettes. Dès les premières planches, la claque visuelle est là. Le dessin de Bablet est d'une finesse époustouflante et son souci du détail en fascinera plus d'un. Le travail est titanesque et ne souffre d'aucune baisse de régime durant tout l'album. Décors intérieurs, virées spatiales ou errances planétaires nous ravissent les pupilles. Le découpage est minutieux et souvent très cinématographique. Et que dire de l'utilisation astucieuse des couleurs, tantôt mono-chromiques tantôt multiples... Si les dessins sont réellement sublimes, ils servent aussi une histoire accessible et d'une grande richesse. Les thématiques mises en avant sont nombreuses comme le conformisme, l'ultra-consumérisme ou le spécisme. Au niveau des influences, on pensera à Stanley Kubrick (2001 L'odyssée de l'espace), John Carpenter (Invasion Los angeles) ou Terry Gilliam (L'armée des douze singes). Mais celles-ci sont si bien digérées qu'elles ne parasitent aucunement Shangri-La. Le propos est riche, développé et sert parfaitement la trame principale. La narration ne souffre d'aucun problème de rythme et l'auteur nous offre même des pages de pure contemplation. Avec cet album, Bablet vient probablement de livrer son meilleur album, une grande œuvre fascinante et un incontournable du genre.