L'histoire :
Un homme en polo bleu propose à un homme bedonnant en polo rouge : « Tire sur mon doigt », en lui tendant son index. L’homme en rouge tire donc sur l’index. L’homme en bleu lâche alors un gaz bruyant par son orifice anal. C’est un classique étudié par les plus grands spécialistes de l’humour. Y compris Benjamin Franklin, qui affirmait dans Fart proudly : A letter to a royal academy en 1781 : « Le plaisir éprouvé quelques fois dans leurs vies par certains philosophes, en observant à travers le prisme de Newton les fils de la lumière se décomposer et se séparer en sept couleurs, est-il comparable au soulagement que tout homme pourrait ressentir sept fois par jour, en déchargeant librement le vent de ses entrailles ? ».
Reprenons. Un homme en polo bleu propose à un homme bedonnant en polo rouge : « Tire sur mon doigt », en lui tendant son index. L’homme en rouge tire sur l’index et… la lumière du plafonnier s’allume. Cet évènement inattendu surprend les deux hommes. L’homme en rouge éteint la lumière en tirant sur le cordon. L’homme en bleu lâche alors un gaz bruyant par son orifice anal.
E.T. l’extraterrestre tend son long doigt rouge lumineux à Elliot en disant « Téléphone Maison »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est un classique de l’humour régressif et scato : le sujet A tend son index au sujet B, en lui disant : « Tire sur mon doigt ». Interloqué et néanmoins discipliné, le sujet B s’exécute… Et c’est le moment précis que choisit le sujet A pour larguer une grosse caisse, un pet retentissant, une pralouze pestilentielle, « Prout ! » Non sans un double sentiment de soulagement chez le sujet A : 1/ de s’être débarrassé d’un gaz encombrant et 2/ d’avoir fait une bonne blague potache à son pote, le sujet B. De cette vanne de gamin qu’une personne sur quatre avoue avoir déjà pratiqué (on demande tout de même la source de cette statistique), Charles Bossart en a fait une BD de strips. Le running gag est lourd, évidemment… mais c’est tout à fait assumé. Car néanmoins, l’auteur varie tellement les situations, multipliant les références à la culture pop et les chutes originales, qu’on trouve régulièrement matière à rire. « En se basant sur 5% de variations narratives dues à des changements de rythme, de décors, de protagonistes, etc, on obtient 61 versions différentes de Tire sur mon doigt ». Contrairement au résultat de cet exercice, le dessin n’a pas grand intérêt : l’auteur se contente de mettre en scène et de dupliquer en numérique des personnages sans expressions faciales ni contours de forme, sur des aplats de couleurs ternes. Bref, ça, c’est fait. Le suspens reste entier quant à savoir si l’auteur va passer à un autre classique : « Dis pouet pouet ? Camion ! »