L'histoire :
Alors qu’il rentre d’Honolulu en bateau vapeur, l’écrivain Robert-Louis Stevenson fait la connaissance sur le pont d’un de ses admirateurs, Charles Dawson. Lors de leur aimable conversation, Stevenson s’aperçoit que Dawson a accompli tous ses besoins matériels sans avoir le moindre souci financier. Dawson lui avoue avoir un terrible secret et il lui raconte. Jadis pauvre, il avait rencontré un riche propriétaire d’Honolulu qui lui avait proposé un deal : il possédait une « main » en bois, un artefact magique qui permettait d’exaucer tous ses vœux : santé, fortune, amour… Et il lui proposait de lui vendre pour ne somme inférieure à celle qu’il l’avait achetée : c’était la seule manière de se débarrasser du sortilège qui accompagne cet artefact. Car si l’on meurt en étant en possession de cette main, Satan vous rappelle à lui et vous accueille dans son royaume. Le pouvoir de la main qui exauce les vœux est donc sans limite, mais il faut songer à la vendre après usage, toujours pour une somme inférieure à celle qu’on l’a achetée. A ce moment, le prix de la main était fixé à 49 $. Dawson avait tenté le coup : il avait acheté la main pour toute sa fortune, soit 49$, et aussitôt souhaité avoir de nouveau les 49$ en poche… Et la main avait exaucé le vœu. Dawson voyait aussitôt le grand monde s’ouvrir à lui. Il avait souhaité un beau costume et une voiture avec cocher. Quelques jours plus tard, il menait une vie de rêve à bord d’un voilier de luxe, entouré de jolies femmes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme toujours dans les BD de Rodolphe, la narration est exemplaire et nous attache immédiatement à l’intrigue. Comment donc, cet artefact venu de la nuit des temps, se révèle une savante mixture entre le bon génie de la lampe d’Aladin et le pacte faustien ? La condition méphistophélique étant de toujours revendre cette Main du diable à un prix inférieur à celui qu’on l’a acheté. Si vous avez quelques bases en arithmétique, vous avez donc déduit que ce petit mécanisme atteint rapidement une limite basse… et sans vouloir divulgâcher (mais quand même un peu…), l’enjeu de la revente ultime va faire le sel de cette histoire adaptée d’une nouvelle de Robert-Louis Stevenson – un écrivain mort trop jeune (44 ans !), mais dont Rodolphe est grand fan. Le scénariste peut compter sur son compère Griffo, au trait semi-réaliste élégant et (lui aussi) toujours impeccable, pour mettre en images, en scène et en couleurs ce one-shot dans un XIXème siècle nimbé de mystères, qui allie les latitudes exotiques aux fastes des grandes villes. Les deux auteurs ont déjà réalisé ensemble de nombreux albums et séries : Utopie, L’oracle dell aluna, Dickens & Dickens, Iruène) et ajoutent donc cet agréable one-shot teinté d’ésotérisme à leur bibliographie commune.