L'histoire :
En 1783, le jeune Benjamin vient encore de se prendre une baffe de la part de sa demi-sœur Madeleine, qui ne ménage pas sa peine pour développer la clientèle de son auberge, dans un coin isolé de campagne. Evidemment, Benjamin a fait exprès de poser la valise d’un client, un riche avocat parisien, sur son pied. Après tout, cet homme n’avait qu’à pas essayer de tripoter Charlotte, la femme de ménage. Mais Madeleine a de grandes ambitions pour son établissement, qu’elle tient avec son mari Jean et pour le développement duquel elle économise depuis des années. Elle aimerait attirer plus de clients huppés, avec du beau linge, de la belle vaisselle, de bons mets… Souffre-douleurs de sa sœur, Benjamin, d’origines indiennes par feu sa mère, a un tempérament rêveur. D’ailleurs, cette nuit-là, il se met en tête que les étoiles disparaissent. Le lendemain, c’est un fait : une épaisse brume s’est étalée sur toute la région. Une brume qui a une curieuse odeur de soufre et qui encombre sévèrement les déficients pulmonaires. Les gens toussent, s’inquiètent… Il y a même des vaches qu’on retrouve mortes ! La brume va jusque à tâcher le linge qu’on met à sécher dehors. Certains disent qu’il s’agit du souffle du diable. Des processions sont organisées pour expier les péchés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La cause de la brume à l’origine de la problématique de ce « thriller » rural au XVIIIe siècle, n'est explicitée qu’en focus documentaire, à la toute fin de cet album one-shot publié par les éditions Anspach. En 1783, authentiquement, la pire éruption des 1000 dernières années s’est déroulée sur le volcan islandais de Laki pendant des mois. Depuis la faille de 27km générée, des fumées encombrées de souffre se sont répandues en Europe pendant… 8 mois ! En compromettant gravement les récoltes, en décimant les cheptels et en suscitant une profonde inquiétude dans la population, qui voyait là le courroux du diable, ce phénomène a non seulement causé une famine en Islande (25% de la population de l’époque a été décimée), mais il pourrait même avoir contribué à précipiter la Révolution française ! Dans ce contexte, le belge Ken Broeders met en scène et en images une famille française tenancière d’une auberge. L’ainée Madeleine a de grandes ambitions pour son établissement et elle ne ménage pas sa peine pour le développer. Elle doit aussi s’occuper de son jeune demi-frère, dont les origines indiennes et le comportement l’énervent… Cette épreuve de brume/fumées angoissantes les rapproche, notamment lorsque se déroule une agression qu’on vous laissera découvrir. Le dessin semi-réaliste soigné et maîtrisé, ainsi que les ambiances oppressantes font la plus-value de cette histoire proche du fantastique romanesque d’Edgar Poe.