L'histoire :
En cette année 1934, le vieux castillan Don César de Villafranca est particulièrement fier de deux choses : de son magnifique élevage de taureaux de combat et de sa gracieuse petite fille Dolorès, qui vient de terminer ses études au couvent. Lors d'une visite sur ses terres, l'imprudente et naïve Dolorès manque toutefois d'être encornée par un jeune et fougueux spécimen. Elle doit alors la vie à l'intervention providentielle et efficace de son frère bâtard Juan, qui ne rêve que d'une chose : devenir un grand torero.Don César vaut néanmoins une haine viscérale envers celui-ci, en raison de son demi-sang gitan. Dolorès et Juan nourrissent néanmoins des sentiments forts l'un pour l'autre, car ils ont à peu près le même âge et ont été élevés ensemble par une vieille gouvernante. Aussi, lorsque Don César chasse définitivement Juan de sa maison, Dolorès est-elle particulièrement affligée. Plusieurs mois plus tard, alors que souffle le vent de la guerre civile sur l'Espagne, on annonce à Dolorès que Juan va livrer son premier grand combat dans l'arène de Salamanque, sous la cocarde républicaine, contre le plus coriace des taureaux de Don César, Clairon...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers les déchirements de cette famille castillane, Dolores de Villafranca délivre de gros relents de tragédie shakespearienne, sur fond de tauromachie et de guerre civile espagnole. Derrière la couverture contemporaine signée Felix Meynet, cet album est bel et bien dessiné par un grand auteur de l'âge d'or du 9ème art, Noël Gloesner. Certes, son talent n'est ici guère sublimé, car quelque peu étriqué dans le découpage serré d'un gaufrier de 12 cases par planche. Son superbe trait encré réaliste est complété par la colorisation de Sibylline Meynet et remis en page par les éditions Artège. Le récit se morcelle en effet en séquences empilées et identifiables, car il fut visiblement destiné à l'origine à une publication en courts épisodes et selon un découpage de planches différent : toutes les 18 cases, la première case laisse suffisamment de place dans sa partie haute (que la présente édition compense par des aplats de couleurs) pour le rappel du titre. La narration est également très sommaire et fait peu honneurs aux possibilités du médium : de basiques textes narratifs se chargent de 95% du récit, tantôt ponctués par des dialogues emphatiques. L'éditeur n'est guère prolixe sur son époque d'origine, mais la forme narrative et le style de dessin la datent environ aux années 70. Cette narration aujourd'hui vintage n'a pas empêché le scénariste Marijac d'être tout de même sacré Grand Prix de la ville d'Angoulême en 1979.