L'histoire :
Sascha est un ado pas forcément à l'aise. Alors qu'il va bientôt passer son bac, il fait la rencontre de Julia, une fille dont il tombe éperdument amoureux. Parce qu'il s'ennuie souvent dans cette vie sans ambition, Sascha fume des joints et se pose des questions. Au fur et à mesure que le temps passe, il se rend compte que son amour n'est d'ailleurs pas réciproque. D'autant que la fille semble affectée de troubles psychologiques. Revenu de ses doux rêves, Sascha va alors faire des rencontres marquantes, expérimenter les drogues et s'enfoncer un peu plus dans une chute inexorable... jusqu'à trouver un nouvel ami très (trop) fidèle : un chien anonyme et sans visage, capable de prendre les décisions à sa place.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans Quatre yeux, récit autobiographique assumé, Sascha Hommer raconte une histoire que finalement tout le monde connaît, la difficile transition d'un ado vers l'âge adulte, ponctuée d'expériences initiatiques et de découvertes marquantes : premiers rapports sexuels, prise intense de LSD et de champignons, absence d'ambition et quête de soi... pour tenter de devenir ce que l'on est en empruntant des chemins de traverse. Sascha finissant par errer aux côtés d'un chien sans visage, double fantomatique et affirmé du Sascha devenu adulte. Beaucoup de justesse ici, autant dans la narration que dans le ton, posés et lents. Sans fioritures ou effets spectaculaires, Sascha Hommer interroge les ressorts qui conduisent à l'addiction, détaille le cheminement et nous raconte une histoire simple, touchante, jamais glauque ou sordide, dans laquelle le principe d'identification joue à plein. Tout est là, montré avec pudeur et distance. A chacun d'en prendre acte comme bon lui semble. A l'exception du curieux et intéressant dialogue entre Sascha et le chien, on peut juste regretter que le récit n'offre pas davantage de prises, qu'il ne surprenne pas plus. La faute peut-être à un ton trop en retrait ? Mais cette histoire sincère et authentique n'ennuie jamais. Et c'est là bien l'essentiel.