L'histoire :
Une conteuse récite à qui veut l’entendre les récits mythiques hindous. De la création du monde aux rivalités entre les hommes, le récit tente d’aborder toutes les grandes questions sur les Dieux et sur les hommes. L’amour, les relations tendues entre les Pandavas et les Kauravas, la paix céleste, les femmes et leur importance, le Karma et la fleur de lotus, le pouvoir sacré des animaux, la mort et la destruction… Tous ces thèmes et bien d’autres sont vus à travers le prisme de la mythologie hindoue et des grands récits anciens : « nous sommes une lignée ininterrompue de conteurs engendrant d’autres conteurs ».
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’album d’Amruta Patil est une reprise du livre ancien et sacré, le Mahabharata, qui conte les exploits des peuples Pandavas et Kauravas pour s’emparer des terres du Gange. Prévue en trois tomes, cette adaptation est une somme du plus grand poème épique jamais écrit (250 000 vers !). Le style est très simple et direct, l’auteur voulant toucher au plus près son lecteur et mimant la parole, le récit étant à l’origine oral. Comme les grands récits mythiques, le style est très simple mais puissant, l’écrit accessible mais chargé de symbolique et de valeurs. Beaucoup de ces histoires courtes sont des « fables » sur les passions humaines, leur rapport qui oscille entre haine vengeresse et amour profond. Le récit est également peuplé de créatures merveilleuses et de personnages aux pouvoirs divins : l’éléphant sacré côtoie le rapace solaire… Les personnages expliquent parfois l’origine de grands dieux tels Vishnu, Brahma ou Leena. Le dessin participe également à cette plongée mystique. Dans un style très marqué, l’auteure transforme les corps et les formes, allonge les silhouettes ou distord les paysages comme si l’on rentrait dans un monde de rêves. Les couleurs sont aussi propices à l’évasion : dans des tons pastel très crus et au contraste prononcé, on accède quasi à un art brut, primitif, dans l’objectif de montrer la création de toutes choses et notamment de l’art avec cette reprise d’une des plus anciennes épopées. Le vrai problème de cette adaptation colossale est son hermétisme. Difficile d’accès pour les Européens ignorants de la culture hindoue, l’album est une somme de termes exotiques, de noms dépaysants et de références savantes. On bascule rapidement de l’exotisme à l’érudition et le lecteur devra s’accrocher pour mémoriser des noms aussi complexes que Garut, Anant, Shantanu, Yojanagandha, Devvrat, Vishvakarma, Mansarovar… La profusion des noms de lieux et la multiplication des personnages compliquent considérablement la lecture de l’ensemble, d’autant que les récits s’enchaînent parfois très mal. D’une belle découverte à une culture méconnue, l’album se fait trop érudit et finalement peu accessible. Parva a donc les défauts de ses qualités : fidèle mais dense, riche mais élitiste, complet mais complexe. Cet éveil à la culture hindoue n’est pas fait pour tous, ce qui est dommage pour un récit mythologique…