L'histoire :
Fils d'une famille parisienne très riche, Louis s'ennuie ferme au bord d'une piscine luxueuse avec ses copains tous insupportables d'arrogance. Alors qu'il serait de bon ton de passer ses vacances dans des lieux branchés où toute cette belle jeunesse se retrouve, il a prévu d'aller retrouver un copain dans les Pyrénées. Mais ce dernier lui pose un lapin à la dernière minute, et Louis se voit obligé de changer ses plans. Il retourne dans l'appartement familial, prend la clé de la villa de Deauville, puis le train vers la Normandie. Lorsqu'il se retrouve sur place, il déprime au milieu de tout ce luxe, et la maison devient rapidement un amas de canettes vides, meubles à moitié ouverts, et objets flottant dans la piscine. Mais la nuit suivante, il est réveillé par du bruit venant du rez de chaussée, et il surprend un cambrioleur en plein boulot. Passé le moment de surprise, le jeune homme réussit à persuader le voleur qu'il ne va pas appeler la police. Qu'il se fout complètement de ce qui pourrait être volé à ses parents, et qu'il a d'ailleurs envie d'aller manger un morceau. Les deux hommes se retrouvent chez les voisins suédois dont Louis a les clés. Et très vite, l'idée de cambrioler également cette maison leur vient à l'esprit. Mais le jardinier fait irruption dans la propriété, et les deux complices s'enfuient à bord d'une Méhari dont les clés étaient restées sur le tableau de bord. Louis porte la perruque blonde de la propriétaire sur la tête, le jardinier n'y voit que du feu. C'est le début d'une balade improbable entre une jeune homme riche qui s'ennuie, et un petit délinquant qui n'est pas au bout de ses surprises.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le scénario de Nicolas Courty et Jean-Christophe Deveney est ultra crédible malgré la succession de situations improbables qu'il décrit. Les jeunes gens très riches qui font des caprices d'enfants gâtés semblent plus vrais que nature, à l'image de Beaudouin, personnage absolument insupportable dès sa première apparition. Le contraste entre l'esthétisme du dessin de David Combet et la décadence parfois un peu glauque qu'il met en scène ne choque pas. Il prend même du sens avec ces fils et filles de très bonnes familles aux comportements méprisants. On sait que Grand Angle s'est spécialisé dans les albums au ton contemporain, qui proposent des livres qui, sous un ton léger ou comme ici sarcastique, décrivent un peu la société d'aujourd'hui. La réussite des albums de Jim (notamment Une Nuit à Rome), a permis à l'éditeur d'ouvrir des possibilités à des auteurs au ton différent. Et cette Ballade semble s'inscrire complètement dans cette démarche. Elle mélange une plongée dans un milieu plutôt fermé et bourré de codes que l'on découvre, et une amitié entre deux hommes qui n'auraient jamais dû se croiser. La lecture est plaisante et vaut surtout pour cet humour détaché et nihiliste que les auteurs maîtrisent assez bien. Un road movie comme celui-ci, lorsqu'il est filmé, fonctionne souvent essentiellement sur son casting. Dans le cas présent, aussi bien François que Louis tiennent bien leur rôle.