L'histoire :
Il y a plus de 2000 ans, au cœur d’une forêt d’arbres centenaires à l’erre de la Chine ancestrale, se trouvait un monastère habité par des moines redoutés pour leur maîtrise exceptionnelle des arts martiaux. La légende disait qu’un seul s’entre eux, même assis sur une chaise, pouvait terrasser 100 soldats en armes. Leur réputation était telle, que même le premier empereur qui avait unifié la Chine, avait volontairement « épargné » la région… Pourtant, un soir d’orage, un espion à la solde des pillards Xiongnus (mongols) réclame le gîte. Inconséquent, le portier accepte et l’invite à partager leur repas de nouilles. Au réfectoire, l’inconnu tend un piège grossier pour semer la zizanie et s’aperçoit que les rumeurs disent vrai : les moines ont perdu leurs réflexes. Au fil du temps, l’actuelle communauté a oublié les secrets de l’art du combat. Ravi de cette nouvelle, l’espion s’en retourne prévenir son maître, tandis que le grand sage du monastère, le vénérable « Remue du vent », s’inquiète. Cet épisode honteux passé, il envoie « Dents branlantes » à la recherche de maîtres capable de rendre au monastère sa grandeur passée. Au cours de sa mission, Dents branlantes fait étape dans un village. Il assiste alors à une scène étonnante : deux jeunes combattants ridiculisent un détachement de soldats et en profitent au passage pour se lier d’amitié avec une jeune et charmante jeune femme, elle aussi parfaitement rompue aux arts martiaux. Il s’agit bien entendu de « Sagesse éternelle », de « Muscle Flamboyant », et de leur nouvelle amie « Petite fleur bleue », qui acceptent volontiers de partir remettre les moines à niveau…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce second opus d’aventures chinoises, médiévales et légères, continue sur la même lancée que la mise en bouche rafraîchissante. On a plaisir à retrouver nos deux héros, jeunes maîtres en arts martiaux et intellectuellement éclairés, qui rempilent pour une nouvelle mission. Il ne s’agit plus de protéger des écrits emprunts de sagesse pour les léguer à la postérité, mais d’initier une troupe de moines incompétents à l’art du combat. Une communauté de bons vivants qui résiste encore et toujours à l’oppresseur, ça ne vous rappelle pas quelque chose ? L’esprit d’Asterix et de l’illustre René Goscinny illumine clairement les scénarii de Bertrand Escaich, plus connu chez Bamboo sous le pseudonyme Beka (les Footmaniacs, les Rugbymen, les Fonctionnaires). Son récit demeure agréable et bon enfant, parfois instructif, tout en évitant le piège de l’humour convenu. De son côté, le coup de crayon de Frédéric Vervisch trouve le juste ton, appliquant son trait spontané humoristique à un décorum « chinoisant ». Quelques cases plus appliquées font certes sentir deux vitesses de réalisation, mais globalement, la cohérence visuelle est de mise. En revanche, Beka a par moments plus de mal à s’affranchir de son format habituel de gags en une planche : si certains jeux de mots et situations font mouche, d’autres séquences s’avèrent un peu « plates ». Qu’importe, le récit est plaisant et sous la houlette de nos deux fringants héros, le monastère retrouvera la paix et le dynamise de la jeunesse. D’ailleurs, quelqu’un sait-il comment on dit « jeune forêt » en chinois ?