L'histoire :
Il est un apparatchik, le principal conseiller d'un candidat à l'élection présidentielle française. Ce dernier, un vieux briscard de la politique, vient tout juste de remporter la primaire de son parti... d'un cheveu (491 voix d’écart, sur plus de 200 000 adhérents) contre sa concurrente, Marie-France Trémeau. Officiellement, les deux rivaux font désormais campagne commune pour faire gagner le parti. Mais dans l'intimité, ils se haïssent. Trémeau nourrit un fort ressentiment de sa défaite et semble prête à toutes les mesquineries pour savonner la planche médiatique du candidat adoubé par le parti. Les sondages annoncent néanmoins le vieux politicard vainqueur, d'une courte tête au 1er tour : 27% contre 26% pour son opposant, Vital. C'est alors que le fervent conseiller reçoit un SMS anonyme totalement hallucinant : « Pinguet sait qui a truqué le vote du 15 septembre. Pinguet pourrait parler. Mais Pinguet est mort. Curieux, non ? ». Le conseiller, qui a mis toute sa carrière au service de son patron, est pour le moins interpellé. Il décide d'enquêter de son côté, avec un nouveau jeune collègue, avant d'en parler à son patron. Serait-il possible que ce dernier ait triché ? Comment s’y serait-il pris, par voie électronique sécurisée ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le scénariste Philippe Pelaez adapte ici le roman de Gilles Boyer et d’Edouard Philippe – publié avant que celui-ci ne devienne le premier Premier Ministre d’Emmanuel Macron. Le contexte est foncièrement politicien : c’est celui de la concurrence entre deux candidats à la primaire du parti pour l’investiture à la plus haute fonction de l’Etat… et donc un terrain propice aux basses manœuvres pour être calife à la place du calife. Toute ressemblance avec une situation déjà vécue ne serait que pure réalité. Le héros, un apparatchik (sans nom) qui sacrifie sa vie pour son patron (sans nom aussi), est un militant jusqu’au-boutiste, un conseiller de l’ombre, prêt à toutes les basses manœuvres pour favoriser ou protéger son candidat. Il croyait tout connaître de son rôle, jusqu’aux compromis et aux renoncements, jusqu’à ce qu’il en vienne à douter de l’honnêteté de son champion. Son enquête nous emmène sur la piste d’une fraude aux votes électroniques, en proie à des altercations musclées, à des secrets enfouis d’un autre temps… et même aux assassinats politiques ! Une grande force du suspens vient de sa neutralité, de son universalité : aucune idéologie partisane n’est singée, les rares idées émises font toutes consensus. Ces « Barons noirs » évacuent le fond et s’en tiennent aux combats de formes… mais ça sent le vécu ! Le degré de crédibilité de ces tensions concurrentes au sein d’un même parti est total. Le dessin semi réaliste de Cedrick Le Bihan se place dans la même intention d’authenticité, qui insiste sur l’expressivité de personnages tendus du slip, palabrant dans une économie de décors.