L'histoire :
Au village de Saïx, dans le Tarn, on mange du chat. Le boucher Charon en fait de succulents pâtés, qu’il fait payer au prix du foie gras. Il est aussi le maire du village, doucement surnommé « Charon, la charogne ». Tout le monde lui mange dans la main. La mère de Jacques et sa sœur Lily trouvent que c’est un défi d’élever des enfants. Son père, routier, absent la plupart du temps, revient tous les quinze jours, souvent ivre, pour cogner femme et enfants. Quand il y a trop de grabuge au domicile, les deux enfants filent vers la rivière et commentent le ciel étoilé, en inventant des constellations. Un soir, ils entendent plein de « miaou ! ». Charon en capture plein. Jacques le suit alors jusqu’à son arrière-boutique et le surprend dans son découpage de… chats ! A chaque visite dans l’échoppe, Jacques fera des allusions à ce qu’il a vu. Commencera alors entre le vieux briscard et le jeune garçon, un jeu du chat et de la souris, jusqu’à ce que Charon prenne Jacques comme apprenti boucher…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec un titre bien percutant, Philippe Pelaez et Francis Porcel nous présentent une tranche de vie dont la noirceur égale la singularité. Au rythme de sa montre, le narrateur Jacques nous explique les origines de la violence et la colère qui l’ont guidé tout au long de sa courte vie, de la maison de correction aux affaires plus ou moins louches. Le portrait de ce criminel à la campagne est bien construit : machiavélique, malin, calculateur, mais doué pour les affaires, il a un bon fond mais n’a pas pris le bon chemin. Il ne cherche qu’à prendre une revanche sur la vie, avec des méthodes surprenantes vue la tournure sanglante que prennent parfois ses échanges professionnels. Les coups reçus et rendus, les failles personnelles, présenterait presque ce malfrat sympathique et attachant auprès du lecteur. Le récit est sombre, bien calibré et structuré. Le tout explicité par un graphisme intéressant, qui reprend bien l’esprit des années 70. Le jeu de couleurs qui s’installe selon l’intensité des éléments racontés décompose parfaitement les différents points de la narration. Une bande dessinée digne d’un bon polar.