L'histoire :
Dans un entrepôt, Nick Powell, atteint d'hypermnésie, finit son mandat. Son responsable n'en croit pas ses yeux, il n'a jamais vu un inventaire de 800 mètres cube se terminer en moins d'une demi-journée. Mettant sa parole en doute et se ravisant quelques minutes plus tard, la manager lui propose un poste fixe. De nature à s'ennuyer très vite, Nick refuse le job en bloc. Quelques heures plus tard, Nick passe un entretien d'embauche dans une boîte de nuit. Le directeur de la boîte est étonné du nombre de jobs accumulés par le candidat dans son CV. Mais un de ses amis a vanté les mérites de Nick en tant que physionomiste. D'ailleurs, la première nuit de travail n'est pas de tout repos et une rixe éclate dans la boîte. Rapidement identifié, l'homme qui a porté le coup se retrouve aux mains de la police. Quelques jours plus tard, deux hommes tentent de passer Nick à tabac et de le kidnapper. Nick est persuadé que l'homme qu'il a identifié dans la rixe veut l'intimider. Il ne se doute pas que la menace est beaucoup plus grave...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les gros fans de BD ont peut-être déjà vu les prouesses graphiques du coréen Kim Jung Gi, capable de redessiner avec une précision infernale des fresques magistrales, après avoir juste vu une fois la scène initiale. L’époustouflant dessin de plusieurs mètres de long présente dès lors de très nombreux détails impossibles à réaliser pour le commun des mortels. Ce don de « mémoire absolue » enviable par la plupart (afin de se souvenir de l'anniversaire de sa femme ou de son mariage...) est en réalité un fardeau à porter. Le récit d'Eric Corbeyran pointe très justement cette problématique. Son héros Nick Powell est atteint de cette pathologie. Obligé de ranger ses souvenirs de la journée dans une boîte, afin de se les sortir de la tête, ce dernier s'ennuie fermement dans sa vie bien rangée. Ce thème passionnant est peu ou pas développé en bande dessinée. Corbeyran accorde en outre à son personnage un mystérieux passé. Malheureusement, le scénario manque de liant. Un mystérieux groupe veut s'en prendre au personnage principal, en raison de sa mémoire. Mais le récit autour de cette problématique manque cruellement d'intrigue et de rebondissements. Malgré tout, l'utilisation du thème de l'hypermnésie est une belle idée qui ouvre beaucoup de portes au récit... sans doute trop pour être justement utilisées dans un one-shot. Frustrant. Au niveau du dessin, Winoc, livre un crayonné réaliste de belle facture. Habitué aux bandes dessinées réalistes aux cases bien droites et aux traits lissés par Photoshop, le lecteur appréciera les traits à main levée et les petits coups de crayons donnant forme au dessin par petites touches. Un bel objet graphique. Somme toute, le dessin est la force de cet album qui, malgré un thème intéressant et porteur, frustre. Dommage.