L'histoire :
Les deux sœurs Lise et Camille ont toujours été très différentes l'une de l'autre. L'une est très sportive et aime le football, avec un intérieur épuré et minimaliste. Elle travaille dans un domaine qui lui permet de bien gagner sa vie. L'autre, l'aînée, est professeure, un peu hippie sur les bords, passionnée de musique, avec une déco intérieure surchargée, et elle a du mal avec le silence. Pourtant, elles partagent quelque chose en commun : leur maison. Celle-ci, parfaitement symétrique, est coupée en deux, leur permettant d'habiter le même bâtiment, en deux parties bien distinctes. Mais cette cohabitation est loin d'être idyllique. Elles sont si différentes qu'elles ont du mal à s'entendre sur un certain nombre de points, à faire des compromis et à se tolérer. Un jour, le facteur sonne à leurs portes avec une lettre recommandée pour les sœurs. Une lettre chacune, comme ça, pas de jalouse. Elles retournent chez elles, et ouvrent l'enveloppe. Celle-ci contient une lettre de leur propriétaire. Il leur indique que le bail de location de la maison va arriver prochainement à échéance et qu'il ne souhaite pas le renouveler. Deux solutions s'offrent à elles. Elles peuvent racheter la maison pour la modique somme de 700 000 euros, et elles continueront à habiter la demeure. Ou alors, elles devront rendre la maison dans son état d'origine, et trouver un autre toit. L'heure de la discussion pour trouver un terrain d'entente a sonné...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En plus d'être scénariste, Isabelle Sivan est également avocate et compagne de Bruno Duhamel, avec qui elle a déjà collaboré sur Le voyage d'Abel. Le duo réitère un album en one-shot. La notion de maison, d'habitation, de lien entre le bâtiment et les personnes qui y habitent ont déjà été abordés par le dessinateur dans Jamais. Cette fois-ci, deux sœurs, très différentes l'une de l'autre, ont tout de même fait le choix d'habiter la même maison, coupée en deux. Chacune a son univers, avec une séparation souvent matérialisée visuellement par une gouttière de planche. Et même si elles râlent l'une envers l'autre, cela leur convient bien. Or la lettre de leur propriétaire annonçant la fin du bail chamboule tout. Dans cette histoire de famille, on sent la difficulté à échanger, à se mettre d'accord, à faire des compromis, mais aussi à se remettre en question. L'événement de la mise en vente de la maison pousse les sœurs à réfléchir. Elles doivent se questionner sur ce qu'elles veulent vraiment, mais aussi sur leur relation. Est-elle si conflictuelle ? Derrière cette cohabitation, n'y a-t-il pas de l'amour, des bons moments, qui restent en mémoire ? Le matériel est-il le plus important ? L'histoire est fluide et se lit toute seule. Côté illustrations, sur sa griffe semi-réaliste toujours très agréable, Bruno Duhamel pousse beaucoup les contrastes des aplats (surtout les mauves et les verts). La colorisation est vraiment différente de ses précédents albums, peut-être un chouilla moins réussie.