L'histoire :
À la fin de la guerre de Sécession, le jeune Dred Scott arrive à New York. Il n’a aucun souvenir de ses parents, seulement quelques flashs d’une plantation de coton en flammes et une cicatrice en forme de B, marquant son appartenance à Bellemont, le propriétaire. À son arrivée, il est recueilli par Christian Scott, vétéran des Colored Troops ayant combattu pour l’Union abolitionniste. Le père de Christian, lui, est resté fidèle aux Confédérés en servant sous le colonel Mosby. Un jour, en se promenant avec son grand-père adoptif, Dred intervient pour le défendre. Il est alors arrêté par Ungus Byrnes, chef controversé de la police. En voyant sa cicatrice, Byrnes reconnaît immédiatement l’ancien esclave et décide de l’engager officiellement comme balayeur. Mais Dred, vif et curieux, devient vite son assistant officieux. Lorsqu’un ancien général de l’Union est assassiné et que Byrnes semble pressé de clore l’affaire, Dred entame sa propre enquête. Très vite, il comprend que ce meurtre est lié à son passé.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La série Dred Scott aborde avec force plusieurs thèmes majeurs liés à l’histoire américaine et à la quête d’identité. Les scénaristes Tom Graffin et Jérôme Ropert explorent les tensions raciales d’après-guerre à travers les figures contrastées de Christian, l’ex-soldat noir de l’Union, et de son père, resté fidèle aux Confédérés. Au cœur du récit, la mémoire traumatique de l’esclavage marque le personnage principal, dont la cicatrice en forme de « B » devient le symbole d’un passé douloureux et indélébile. En filigrane, la BD interroge les notions de loyauté, de justice et de transmission entre générations. La reconstruction personnelle de Dred, à travers son intégration dans une ville en mutation et son rôle naissant dans les enquêtes policières, offre une réflexion sur la résilience et la réappropriation du destin. Finalement, les auteurs réussissent à rendre l’ensemble du récit cohérent, et chaque événement, de prime abord indépendant, se retrouve lié, avec le passé de Dred comme point de focalisation. L’environnement graphique est confié à Thibault Descamps. Son trait précis et expressif restitue avec finesse l’atmosphère de New York à la fin du XIXe siècle, capturant l’effervescence urbaine et les contrastes sociaux de l’époque. Il déploie dans Dred Scott un univers graphique empreint de réalisme et de tension dramatique. Ainsi, ce premier album développe un récit mêlant polar et chronique historique pour évoquer l’impact persistant de la guerre civile sur les consciences individuelles comme collectives.