L'histoire :
Quatre amis sont attablés à une table de café et débattent. Ils se demandent ce qu'il y a au commencement d'une ligne. Cette interrogation enclenche une réflexion plus générale sur l'art, et les points de vue s'affrontent. Pour l'un, au début d'une ligne, il y aurait une intention créatrice, un concept. Il est soutenu par deux de ses comparses, mais Paul ne partage pas cet avis. Il n'aime pas intellectualiser autant l'art, il est peintre, point barre. Même s'il sait qu'il n'est pas sur la même longueur d'onde que les trois autres, il a fait le choix de les voir régulièrement. Ils ont étudié ensemble dans une école d'art lorsqu'ils étaient jeunes. Avant de révolutionner l'art, Paul voudrait déjà trouver sa place dans le monde. Le soir lorsqu'il rentre, il retrouve sa maîtresse, qui est déjà mariée. Pour l'instant, elle n'est pas prête à quitter son mari. Au fond de lui, Paul le sait. Il n'est pas heureux, et il est toujours d'humeur pessimiste, négative. Une galerie lui propose d'afficher son travail, sa maîtresse se réjouit pour lui, mais il n'arrive pas à savoir s'il doit saisir cette opportunité. Dans cette incertitude, il décide d'écouter un conseil qu'on lui a donné, et d'aller chez le coiffeur pour repartir du bon pied. Il est accueilli au salon par une ravissante jeune femme, avec qui le courant passe tout de suite. Cette rencontre pourrait chambouler le reste de sa vie. Laissera-t-il la place au bonheur ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce one-shot, Cyril Bonin reprend les codes de son propre style graphique et narratif. Nous suivons ici un jeune homme qui va interroger la place du bonheur dans la vie, tout en menant une réflexion parallèle sur l'art. Qu'est-ce que le beau ? Qu'est-ce qu'une œuvre d'art ? Sommes-nous dépendants des autres pour accéder au bonheur ? Peut-on changer en rencontrant quelqu'un ? Le bonheur a-t-il une influence sur la création ? Autant de questions qui vont traverser le récit, avec des débats, des échanges entre les personnages, rendant le tout presque philosophique. Pourtant, des dialogues banals viennent aussi contraster le tout et paraissent plus creux en comparaison. Cyril Bonin inclut aussi toujours une pointe de fantastique dans ses récits... cet album n'échappe pas à la règle. Graphiquement, on reconnaît sans détour le trait, la colorisation. Les personnages surtout, sont aisément reconnaissables. Ils ressemblent aux protagonistes des précédents ouvrages. Cette bande dessinée romantique et fictive ouvre des questionnements philosophiques, tout en restant très accessible et « feel good ». Elle pourra aussi bien être appréciée par les lecteurs suivistes de cet artiste, que par les novices curieux de découvrir son style.