L'histoire :
Le roi blanc harangue ses troupes. Les blancs s’apprêtent en effet à livrer une bataille épique contre leur ennemi traditionnel : les noirs. Le roi insiste sur l’intelligence dont il faudra faire preuve, et qui est évidemment la clé du succès dans le paradigme de leurs confrontations. Aucune place ne doit être laissée au hasard. Les armes à aiguiser sont la réflexion, l’astuce, le calcul, l’anticipation… Les pions demandent aussitôt lequel d’entre eux aura la charge de lancer les hostilités. Le roi est dubitatif pendant une seconde. Puis il procède comme il a dit : « Plouf Plouf ! Ce sera toi qui… »
Un pion noir réveille la tour, qui est encore en train de roupiller sous sa tente de campagne militaire. La tour n’est pas stressée : ça ne sert à rien qu’elle soit sur le terrain dès les premiers coups de masse. Stratégiquement parlant, elle ne devient réellement utile qu’au milieu de la bataille. A l’engagement, ce sont les fous et les chevaux qui font le job. Et tandis qu’il s’habille pour partir au combat, il explique encore qu’il y a pire que lui : le roi noir est en train de pêcher à la ligne, parce que franchement, dans une bataille, il ne sert carrément à rien…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour ce second recueil de gags en une planche, rions un peu avec les échecs, un jeu plus que millénaire venu de Perse (ou d’Inde ?) qui ne comporte pourtant vraiment aucun biais intrinsèque pour se bidonner. Tel est le pari du serial-scénariste Christophe Cazenove avec cette série, réalisée en partenariat avec Europe Echecs (une revue et désormais un site spécialisé dans la discipline depuis 1959). L’expertise d’Europe Echecs permet de bien cerner la particularité d’une pièce, d’un déplacement, d’une tactique, pour mieux la parodier et participer d’une forme de vulgarisation de la science échiquéenne. D’ailleurs le dossier final expose quelques authentiques ouvertures et tactiques (et notamment le nec plus ultra des fourchettes à partir d’un cavalier, d’une jouissance totale !). Evidemment, sur le front de l’humour strict, c’est franchement pas terrible. Les personnages caricaturaux, tels que dessinés par Val et Mic, permettent cependant d’apporter gaieté et légèreté. Ils s’affranchissent de leur support de cases blanches et noires, pour se confronter et deviser dans leurs apparats respectifs dans la nature, à la manière d’armées médiévales en campagnes. Les pièces sont toutes très expressives et marrantes, surtout lorsqu’elles se confrontent au dépassement du rôle strict qui leur est assigné.