L'histoire :
Fanny, qui a compris que Marius ne pourrait être heureux sans avoir bourlingué sur les mers du globe, choisit de se sacrifier en faisant croire à son jeune amant qu’elle préférait vivre avec Maître Panisse. Le vieil homme lui assurerait, ainsi qu’à sa mère Honorine, une vie sans préoccupation matérielle. Face à cet « aveux », Marius n’hésite plus à prendre la mer et embarque sur le Malaisie, un bateau hydrographe en partance pour le Pacifique. César, le père de Marius, apprendra la décision de son fils alors que celui-ci a déjà embarqué. Les semaines passent au bar du vieux port. César scrute le passage du facteur avec le secret espoir de recevoir une lettre de son fils. Mr Brun. Panisse et Escartefigue, les amis de César, ont bien perçu que le père de Marius se languit de ne pas avoir de nouvelles de son fils. Ils décident de prendre les choses en mains et d’aller questionner César…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Fanny est le second volet de la célèbre trilogie marseillaise de Marcel Pagnol dont la première représentation au théâtre date de 1931. Cette adaptation BD dessinée par Amélie Causse fait suite à celle de Marius illustrée par Sébastien Morice. Le jeune Marius est parti subitement sans prévenir son entourage : Fanny se retrouve seule, éloignée de celui qu’elle aime. Quand César reçoit enfin une lettre de son fils, la jeune femme est peinée que Marius ne lui adresse qu’un simple bonjour. Fatiguée, elle se décide à consulter un médecin qui va lui apprendre qu’elle est enceinte. Se retrouver fille-mère n’est pas concevable pour Honorine, qui va forcer sa fille d’accepter le mariage avec maître Panisse. Quand ce dernier apprend que Fanny est enceinte, il accueille cette nouvelle avec bonheur et demande à Fanny de faire passer ce futur enfant pour son propre fils. Sous des faux-airs de comédie, cette histoire aborde la tragédie des filles-mères qui, à l’époque, ont à subir le dictat parental, à craindre de ne pouvoir subvenir aux besoins matériels de leur enfant ou encore d’être pointées du doigt par une société pétrie de principes. Les auteurs de cette adaptation ont su restituer avec beaucoup de justesse le ton du dramaturge provençal qui maniait le verbe et l’humour de manière magistrale et subtile, tout en abordant des sujets de morale ou de société. La narration est fluide, tout en préservant la dimension à la fois dramatique et burlesque de cette comédie humaine. Seul petit bémol : la partie de ping-pong entre César et Panisse (Page 22) n’était peut-être pas indispensable. Graphiquement, Amélie Causse tire son épingle du jeu en reprenant le flambeau de Sébastien Morice. Même si les expressions de certains des personnages sont un peu plus caricaturales, avec des yeux comme des billes, son dessin semi-réaliste est aussi plaisant. Avec sa mise en couleur lumineuse, on se sent pleinement dans une ambiance provençale. A la différence du premier volet, celui de Fanny est publié en un seul volume – mais à cette occasion, Marius est réédité de concert en intégrale. Il nous reste désormais à attendre patiemment le dernier volet consacré à César, annoncé dans 1 mois tout rond !