L'histoire :
Depuis qu'il a choisi de se marier avec Sophie, qui n'a pas de sang royal, François Ferdinand, neveu de François Joseph et héritier annoncé de l'empire austro-hongrois, fait l'objet d'humiliations de la part de l'empereur. Toutes les cérémonies officielles auxquelles il est convié, en vertu du protocole, sont l'occasion de vexations à l'égard de son épouse. Écartée des tables officielles, objet de bien moins d'égards qu'une future impératrice pourrait en attendre, Sophie accepte de tenir malgré tout son rang, fidèle à cet homme qui a bousculé la bienséance par amour pour elle. L'archiduc subit mais tient le coup, sans montrer en apparence une grande force de caractère. Ainsi, lorsqu'on lui annonce qu'il va rendre une visite officielle à Sarajevo, capitale de la Bosnie Herzégovine, il pense en premier lieu à une forme d'apaisement décidé par l'empereur. Mais la date du 28 juin 1914 ressemble à un piège. Anniversaire de la perte d'indépendance de la Serbie contre les ottomans quelques siècles plus tôt, elle pourrait être perçue comme une provocation par les extrémistes serbes qui souhaitent déclencher une guerre contre l'occupant. François Ferdinand doit choisir s'il renonce face à ce risque, se demandant s'il ne s'agit pas ici de tester son courage politique...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette nouvelle immersion dans une séquence cruciale, qui fut à l'origine de la première guerre mondiale, présente de nombreux intérêts historiques. Elle permet notamment une incursion dans la cour d'Autriche, à cette époque au cœur de l'Europe, héritière de siècles de puissance, mais au bord de la disparition. La progression des événements vers la visite à Sarajevo est bien gérée, insistant suffisamment sur les relations au sein de famille des Habsbourg, donnant un éclairage interne qui nous permet de percevoir une partie des enjeux qui ont précédé le déclenchement du conflit. Ceux qui découvriront cet album sans savoir que ce sont les dessous de l'attentat de Sarajevo qui nous sont racontés pourront néanmoins apprécier la clarté des faits relatés. Ce récit bien construit ne constitue cependant pas une révélation scénaristique, très strictement contenu qu'il est dans le choix d'une fidélité historique. On ne déborde pas du cadre dans le caractère des personnages, ni dans la forme sérieuse du dessin de Chandre. Mais l'épisode est instructif et sa lecture suffisamment prenante pour qu'on aille avec plaisir jusqu'à une très belle dernière page.