L'histoire :
Victor Frankenstein, premier enfant d’une noble famille suisse, grandit aux côtés de sa sœur adoptive et de ses deux petits frères. Passionné par la philosophie, il consacre son enfance à l’étude de textes anciens et en fait sa matière de prédilection lorsqu’il entame ses études. Cependant, son approche trop ésotérique déplaît à ses professeurs, et il finit par se détourner de la discipline pour se consacrer aux sciences. Marqué par la perte prématurée de sa mère, il développe une obsession pour les mystères de la vie et de la mort. Un jour, par hasard, il découvre un principe fondamental qui déclenche en lui une véritable frénésie expérimentale. Prêt à tout pour percer les secrets de l’existence, il en vient à profaner des cimetières et finit par donner naissance à une créature ni vivante ni morte, pas tout à fait humaine. Terrifié par sa propre création, il l’abandonne aussitôt, sans mesurer les conséquences de son acte. Livrée à elle-même, la créature, en proie à une profonde solitude, bascule dans la violence. Sa quête désespérée de reconnaissance se transforme en une série de meurtres qui précipitent la chute de Victor Frankenstein.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette adaptation de Frankenstein reste fidèle à l’œuvre culte de Mary Shelley tout en apportant une identité graphique forte et singulière. Le récit, sombre et tragique, évite pourtant tout effet horrifique ou glauque, notamment grâce à un dessin d’une grande douceur. L’histoire repose sur un face-à-face poignant entre deux âmes perdues : Victor Frankenstein, un scientifique dépassé par son ambition, et sa créature, un être rejeté, incapable de trouver sa place dans un monde qui ne veut pas de lui. Ni véritablement bons ni foncièrement mauvais, les deux protagonistes sont liés par une tragédie intime : celle d’un père fuyant ses responsabilités et d’un enfant livré à lui-même, emprisonné dans un corps monstrueux et incapable de canaliser ses pulsions autrement que par la violence qu’il subit. Visuellement, l’album impressionne par son graphisme réalisé entièrement en carte à gratter, une technique qui confère aux illustrations une finesse extrême et un contraste saisissant entre noirs profonds et blancs éclatants. Quelques touches de bleu et de rouge viennent subtilement enrichir l’ensemble, représentant respectivement le calme et la colère, tandis que les personnages, avec leur apparence de marionnettes de bois, renforcent l’atmosphère mélancolique du récit.