L'histoire :
Dans les années 30, la famille du grand compositeur Richard Wagner a l'habitude de recevoir la visite d'Adolf Hitler. Le chancelier vénère la musique du compositeur mort cinquante ans plus tôt, ses petits-enfants l'appellent Oncle Wolf. Le but de sa dernière visite est de vérifier la programmation du festival de Bayreuth, en particulier l'origine aryenne des musiciens et chanteurs, et l'absence de juifs dans la nouvelle production de Parsifal. Parmi les deux jeunes gens, Wieland entend les propos antisémites, il ne sait pas encore qu'il fera la guerre dans le camp nazi, ni que quelques années plus tard, il tombera amoureux de l'interprète du rôle de Senta, la jeune cantatrice Anja Silja. A la sortie d'une représentation, le petit-fils du compositeur propose de la ramener à son hôtel en voiture. Le soir-même, débute une passion dévorante. Wieland est marié, Anja est une star, et tous deux ont pour point commun de vouloir redonner à la musique de Wagner son audience légitime, loin de la récupération par le régime nazi. Mais face à eux, les résistances seront multiples...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Stephen Desberg poursuit sa collaboration avec Emilio Van der Zuiden avec ce troisième one-shot en commun, sur des thèmes plus personnels et moins grand-public en apparence. Cette plongée dans la vie de la famille Wagner, les descendants du compositeur, est également un retour sur les ambiguïtés autour de la musique préférée du troisième Reich. Comment ré-écouter une musique totalement récupérée par les auteurs du plus grand crime de l'Histoire. Le scénariste met au centre de son récit la relation amoureuse entre Wieland et Anja, un fait historique, ainsi que les nouvelles créations du festival de Beyreuth, dont la musique de Wagner est toujours le thème principal. L'antisémitisme est au cœur des luttes parfois fratricides sur la nature profonde du festival, la nécessité de renouveler le regard porté sur la musique du compositeur de Parsifal ou au contraire la perpétuation d'une tradition lourde de clichés. Desberg a grandi avec la musique de Wagner, sa passion transpire dans ces pages qui donnent envie d'écouter de quoi on parle, tout comme le dessinateur Van der Zuiden a utilisé le Prélude de Tristan et Iseult pendant ses séances de travail. Il en ressort un album instructif aux dessins élégants, avec juste ce qu'il faut de moments forts pour que le lecteur non féru d'opéra s'y retrouve. Mention spéciale pour les très belles couleurs de Jack Manini, qui soutiennent remarquablement les atmosphères multiples du récit.