L'histoire :
La carrière du brillant inspecteur Broyan a pris du plomb dans l’aile depuis qu’il a roué de coups le fils d’un banquier qu’il tient responsable de la mort de sa fille. En février 1897, à l’opéra Garnier, le tout Paris se presse pour assister à un spectacle. Broyan, désormais révoqué de la Police, y accompagne Pierre Séverin, un des membres actifs de l’ancienne ligue des patriotes de Paul Déroulède. Les 2 hommes attendent le Colonel Tréveaux qui est chargé de la sécurité du président Faure. Alors que l’orchestre se prépare, un corps mutilé, attaché à des cordes, est jeté du cintre de la scène : il s’agit de la dépouille de Tréveaux. C’est la panique dans l’opéra, mais Broyan arrive à poursuivre l’assassin.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après l’excellent Automne en Baie de Somme, Amaury Broyan revient pour une nouvelle enquête. L’inspecteur Broyan, qui a été révoqué, a désormais de nouvelles fréquentations mais pas des plus recommandables : des nationalistes dont les intentions sont de faire vaciller le pouvoir de la IIIème république. L’un de leurs contacts est assassiné de manière théâtrale et évidemment, Broyan va se lancer à la poursuite du meurtrier. Dès les premières pages, on connaît l’identité de la coupable, mais on ne saisit pas ses motivations qui ne semblent pas politiques. Cette meurtrière n’en est qu’à son coup d’essai et d’autres personnes vont passer l’arme à gauche. Dans cette enquête, il sera question de spiritisme, d’hypnose, d’ésotérisme et de fantômes. Cette histoire, qui est à la lisière de l’enquête policière et du fantastique, fait clairement référence au roman de Gaston Leroux, Le fantôme de l’opéra. En effet, Philippe Pelaez utilise lui aussi les dédales souterrains de l’opéra Garnier, le fantôme masqué a lui aussi un visage hideux, un des protagonistes s’appelle également Eric, et certains meurtres sont également mis en scène de manière spectaculaire, etc. Heureusement, le dénouement de cette intrigue diverge en quelques points du roman de Gaston Leroux. C’est une histoire prenante avec des personnages à la psychologie bien travaillée et une écriture très soignée. Pour camper le récit dans son époque, Alexis Chabert s’est inspiré du style Art nouveau avec un dessin en couleurs directes qui donnent une atmosphère vaporeuse parfaitement adaptée à l’histoire. Le dessinateur fait certains choix audacieux dans la mise en page, notamment sur certaines pleines pages. Les plus observateurs relèveront quelques hommages à Hergé.