L'histoire :
Dans son patelin texan rural des années 1930, le jeune Billy Bob est plus connu par son surnom de « Biglouche », en raison de son strabisme convergeant – qui lui vaut un dédain systématique de la part de la gente féminine. Billy a appris à faire avec et surtout, il s’en moque. Ce qui l’intéresse, c’est de continuer à publier son roman-feuilleton à l’eau de rose, au sein du canard local : les mémés en raffolent ! Pourtant, ce jour-là, la déception est trop forte : éconduit par la belle Cathy, méprisé par son rédac chef, Billy décide de quitter la ferme parentale. Il pioche dans les économies familiales et part avec la camionnette – avec tout de même l’aval du paternel – pour Hollywood : il veut proposer son histoire à l’industrie naissante du cinéma. Après 11 jours de route en solitaire, alors qu’il arrive enfin en Californie, il s’arrête dans un saloon en bordure de nationale. Dommage pour lui, il vient de louper la soirée des stripteases ! En revanche, il ne manque pas de faire une énorme gaffe : croyant à un tremblement de terre (après tout, la Californie est sur la faille de San Andreas), il attire un cow-boy jusqu’à une voiture… où ce dernier surprend sa petite amie, Scarlett, en plein ébat fripon. A moitié à poil, Scarlett s’enfuit avec ce « bouseux » de Biglouche, à bord du pick-up, direction Hollywood…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jérôme Félix connaît en octobre 2009 une double actualité : en marge de l’excellent et déjanté Deuxième chance tome 1, voici également Hollywood Boulevard, dans un genre radicalement différent. Ici, il s’agit en effet plutôt d’une « quête initiatique », dans l’Amérique des années 30. Un bouseux qui louche a décidé de quitter ses cochons pour réussir à Hollywood… et la loi du genre veut qu’il finisse certainement par y arriver, d’ici le prochain tome. Félix orchestre son récit de manière très pro, avec la légèreté qui sied au cap grand-public qu’il s’est fixé, quelques bonnes idées en poche (le strabisme, le tremblement de terre…) et d’amusantes « private-jokes » en prime (le directeur de collection et l’éditeur font partie du casting… saurez-vous les reconnaître ?). Cette mise en bouche est donc fort sympathique… quoiqu’un tantinet convenue. Trop de bons sentiments ? Histoire déjà vue ? Le synopsis fait en effet carrément penser au Mister Hollywood de Gihef et Lenaerts, bien que cette dernière série (toute-jeune, elle aussi) se déroule à une ère plus contemporaine et qu’elle emprunte des voies radicalement différentes. L’épisode pilote d’Hollywood boulevard nous permet également de découvrir une nouvelle-venue au rang des dessinateurs : Ingrid Liman. Pour un premier tome, la jeune artiste ne démérite pas, montrant de belles dispositions semi-réalistes (avec la marge de progression inhérente à ses premiers pas), que l’on peut approfondir au sein du cahier spécial final avec la première édition. Son coup de crayon est effectivement déjà bien en place, surtout lorsqu’il s’agit d’animer les gracieuses héroïnes (Scarlett va en affoler plus d’un !).