L'histoire :
Pour éviter une faillite financière mondiale, suite aux attaques d’un groupe de cyber terroristes contre le système bancaire suisse, la «Division», agence secrète militaro-scientifique helvétique a recours à un biais technique incroyable. Elle parvient à communiquer avec son agent spécial Kim Giffers dans le passé, pour lutter contre les évènements six ans avant qu’ils n’interviennent. Pour s’en acquitter, la «Division» lui envoie dans le passé des messages vidéo en Malaisie. Kim a pour mission d’identifier et de photographier les 4 fondateurs du groupuscule terroriste Black Worms. Mais modifier le passé n’est pas sans danger : le présent va en être altéré, de même que Kim. Les paradoxes temporels s’accumulent alors, et ne tardent pas à faire vaciller mentalement Kim.
6 novembre 2006 au siège de la « Division » : Trévor, ami de Kim, intercède auprès du capitaine Hofer, responsable des opérations, pour la secourir. Victime de céphalées, celui-ci met en garde le capitaine sur l’état de santé de Kim et les dangers qui la menacent. C’est alors qu’Hofer apprend le quatrième attentat dont ont été victimes les banques suisses. Kim a alors été blessée à l’épaule par un tir, et elle est enceinte au sortir de sa mission en Hollande. Seyer, autre scientifique travaillant avec Trévor, lui explique que ces 2 évènements seraient les principales causes des altérations temporelles dont elle est victime. Son passé futur (ou son futur passé) a été modifié ! Trévor décide alors d’intervenir en s’envoyant un message dans le passé. Pendant ce temps là, en 2001, Kim n’arrivera jamais en Hollande pour remplir sa mission, ayant été arrêtée par un agent de l’aéroport de Kuala Lumpa, arrestation au cours de laquelle elle est blessée par balle… Au même moment, à l’aéroport d’Amsterdam, Trévor attend la non-venue de Kim, alerté par un message reçu trois ans auparavant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le thème central de cette nouvelle trilogie scénarisée par Christophe Pernoud (La métaphore du papillon) est le voyage dans le temps. Certes, l’idée n’est pas novatrice et maintes fois traitée. Mais elle est abordée ici avec originalité, via une mise en scène mêlant habilement thriller financier et paradoxe temporel, sans jamais éluder les vraisemblances et incohérences naissant du Paradoxe temporel (d’ailleurs titre de ce tome 2). Techniquement, le voyage dans le temps revêt souvent les mêmes formes : faille temporelle, avancée technologique, pouvoir surnaturel… Ici, il prend celle d’une avancée technologique (accélérateur de particule permettant aux protons d’aller plus vite que la lumière et ainsi de faire transiter des informations par message vidéo pendant un laps de temps court et défini). C’est une des habiles trouvailles de Pernoud. De même que son traitement du paradoxe temporel naissant de cette traversée du temps : il induit une trop grande modification du passé, et ainsi également un présent modifié, donc automatiquement un trop grand décalage entre le passé et le présent du personnage. Il en résulte pour elle une inadéquation entre son présent actuel et son nouveau présent (vos suivez ?). Les nombreuses idées ainsi développées sont judicieuses et font le sel de l’aventure, malgré un découpage un peu déficient pouvant induire en erreur. L’exercice délicat est bien mené, avec son lot de rebondissements. Le scénario est bien ficelé, dense avec un rythme soutenu, qui fait la part belle à l’action et au suspens. Aucun détail n’est négligé et a son importance. Cependant, quelques paradoxes subsistent : pourquoi seule Kim est affectée par ses paradoxes temporels sans que les personnages l’environnant le soient ? Pourquoi les réactions et interrogations consécutives au fait de se voir plus vieux de 5 ans, de voir son futur, ne font l’objet d’aucune réflexion ? Graphiquement, le dessin est à l’unisson du scénario : le trait précis et réaliste apporte crédibilité au scénario. L’influence cinématographique de Beb Zanat transpire de ses planches par son dynamisme. On regrettera cependant une certaine froideur de la colorisation au détriment de l’ambiance, fluidifiant mal le découpage des séquences. Il n’en reste pas moins que cette série d’anticipation est originale, réaliste, prenante et offre un agréable moment de lecture…