L'histoire :
A Paris, en décembre 1943, la police française abuse de son pouvoir sous le regard bienveillant de l’armée allemande. Un garçon est pris à parti pour étudier l’anglais. Jacques ramasse son manuel et son identité est relevée. Il est dans le collimateur et ses camarades en sont désolés. Colette, son cousin François et Jean décident de partir avec lui en Corrèze, dans l’un des châteaux du père de François, collaborateur parti travailler avec Laval à Vichy. Le père de Jean, ancien poilu légaliste, refuse de voir partir son fils et ferme les yeux sur les exactions de l’occupant. Mais tout s’emballe pour les jeunes gens. Un allemand veut s’en prendre à Colette et Jeanne le pousse à l’eau. Ils s’enfuient du parc où ils se promenaient. Mais lorsqu’ils se retrouvent chez François, ils organisent leur fugue avec l’aide du frère cheminot de la domestique des d’Orlac, la famille de François. Après bien des péripéties, ils arrivent en Corrèze, mais le château a été réquisitionné pour installer une Kommandantur. François emmène alors ses amis dans le maquis…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Loin des superhéros ou même des héros sûrs de leur fait ou de leurs droits, Patrice Ordas nous emmène dans un quotidien de l’incertitude. Etre bachelier en 1943, c’est n’être pas sûr de pouvoir passer son bac, c’est se demander chaque jour si on ne va pas être arrêté sous un faux prétexte, être utilisé comme alibi ou comme otage. Ballottés entre des résistants héros du quotidien et des vulgus pecum qui laissent faire, par conviction, par peur ou simplement par légalisme, comme le père de Jean qui se voile la face, les quatre personnages de cette histoire grandissent en accéléré. Apprentissage forcé de la vie et de la mort, en quelques jours ils deviennent des hommes et une femme par la force des choses. C’est une très belle histoire, émouvante et passionnante que Patrice Ordas raconte avec son acolyte Alain Mounier, partenaire de la série L’ambulance 13. Il y a quelques grands sentiments, mais on sent surtout le doute, les hésitations, les choix décidés ou forcés. La psychologie des personnages principaux et secondaires est fine, rarement grossière. Le trait semi-réaliste de Mounier donne une belle vie à l’ensemble, qui manque parfois un peu de mouvement, mais les aquarelles sont souvent magnifiques et ses personnages expressifs. Une belle histoire, à lire et à partager.