L'histoire :
Dans un atelier d’artiste, au dernier étage d’un immeuble parisien, en septembre 1938. Cela fait 4 ans que Constant, jeune artiste peintre, se morfond de Juliette, sa fiancée d’une nuit. Il passe ses journées à peindre son visage et désespère de la retrouver un jour. Son ami Maurice, plus aisé, se fiche allégrement de sa poire, mais prend le taureau par les cornes : il lui rachète toutes ses toiles – sans réelles valeurs – pour 250 000 francs. Constant désapprouve tellement, qu’il se retrouve le lendemain chez l’antiquaire, pour racheter ses propres œuvres. Ce faisant, il tombe en émoi devant une reproduction d’une célèbre toile de Poussin, peintre sous la Renaissance. La scène pieuse représente des bergers autour d’un tombeau, en Arcadie. Mais ce qui surprend Constant, c’est que parmi les personnages, une bergère ressemble traits pour traits à sa Juliette ! Il décide de l’acheter, au moment où un prêtre se trouvant dans la boutique fait monter les enchères. Constant emporte la toile pour 250 000 francs… A peine de retour chez lui, un coup de feu se fait entendre dans la cage d’escalier. Il sort et trouve le prêtre abattu dans l’ascenseur. Dans un dernier souffle, celui-ci lui tend un curieux papier où il est noté : « Bergère pas de tentation Poussin Teniers gardent la clef par la croix et ce cheval de Dieu J’achève Rex Mundi A midi pommes bleues » ! La semaine suivante, l’original du tableau des bergers d’Arcadie est officiellement mis en vente…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En ouverture de trilogie, ce premier tome propose une mise en place dense et complète d’un thriller ésotérique situé dans l’émulation du Triangle secret, Le Troisième testament, Le Messager... Contrairement à ces références, le suspens ne remet toutefois pas directement en question la chrétienté à travers un frangin du Christ, ou un testament caché. C’est a priori même tout le contraire : nos protagonistes sont ici sur la piste de l’incommensurable pouvoir du diable (d’où le titre). Pleinement efficace, à défaut d’être original, le scénario de Jérôme Félix est rythmé, limpide et parfaitement divertissant. Dès cette mise en bouche, le scénariste tire sans vergogne à peu près toutes les ficelles du genre : un mystérieux tableau, un parchemin à déchiffrer, un secret révélé dans un ultime souffle… Evidemment, les nazis sont aussi de la partie, comme l’exige la règle du genre ésotérique prenant pour contexte la période trouble de la seconde guerre mondiale. Etrangement, l’époque, le fond archéologique et le traitement graphique du titre rapprochent aussi cette aventure d’Indiana Jones… Mais la série tire plutôt sa plus-value du mystère ésotérique en lui-même, bien réel : il est largement inspiré par le secret de Rennes-le-château et de son curé « milliardaire » l’abbé Saulnière (pour en savoir plus, visitez les sites officiels : http://www.rennes-le-chateau.org/ et http://www.renneslechateau.com), une énigme qui passionne encore aujourd’hui des milliers de passionnés. Félix a choisi de confier l’illustration de cette histoire à un jeune dessinateur de 22 ans, dont il suit la progression depuis des années, Paul Gastine. Et pour un premier album, chapeau ! Aussi à l’aise sur les personnages que sur les décors, Gastine montre un coup de crayon réaliste déjà très abouti ! Gage de qualité, l’ensemble est colorisé par une référence dans le domaine, prénommée Scarlett… Et cerise sur le gâteau : ce premier opus se conclue par un cahier de 8 pages de croquis et de recherches graphiques, qui nous donne à voir toute l’étendue de ce talent prometteur…