L'histoire :
Nous sommes en 1594 en la ville de Paris. A force de tâtonnements et d’atermoiements confessionnaux, le bon roy Henri a enfin pu mettre un pied dans sa capitale. Le souverain souffre d’un mal qui le conduit à avoir des envies pressantes à tout moment. Son médecin essaie de lui trouver des préparations qui lui feront le plus grand bien. Pour cela, il sollicite Bertille, une vieille femme réputée pour ses dons de voyance, qui réalise des potions très efficaces. Au même moment, Mathilde, une jeune provinciale qui n’est autre que la nièce de Bertille, monte à Paris dans l’espoir de trouver un mari. Par la même occasion, elle en profite pour rendre visite à sa tante. Bertille qui ne reconnaît pas la fille de sa sœur, prédit à la jeune femme que le premier homme qu’elle rencontrera, et à qui elle sourira et parlera, sera son futur époux. Alors qu’elle se rend en ville, Mathilde croise sur son chemin le roi Henri ainsi que Thibault, un saltimbanque qui réalise des numéros d’hypnose avec son ami Alaric. A chacun d’entre eux, la jeune provinciale sourit et adresse la parole…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après la fistule anale de Louis XIV (Royal fondement), Philippe Charlot et Erich Hübsch évoquent dans cette comédie historique les troubles urinaires d’Henri IV (il pissait en goutte-à-goutte). Si dans les anecdotes de l’Histoire, on a notamment retenu la fameuse poule au pot d’Henri IV, ses rétrécissements du canal qui lui causaient la plus grande gêne pour se soulager sont restés plus discrets (secret médical oblige…). Dans ce récit en partie fictionnel, après avoir essayé tout type de potions et introduit un cierge dans le conduit urinaire du roi, le médecin doit trouver un traitement plus efficace pour soulager cette affection. S’il ne remédie pas à ce mal qui met en péril la réputation du roi, il risque d’être écartelé. Bertille lui recommande les services d’un saltimbanque, capable d’endormir le roi et de le soulager de ses problèmes. Malheureusement, ce dernier n’est pas des plus disposé pour aider le médecin : il faudra compter sur l’aide de Mathilde, dont le jeune homme est tombé sous le charme. Philippe Charlot s’appuie sur une anecdote historique pour faire un récit humoristique truculent avec des personnages attachants. Il brocarde le médecin ignorant dépourvu de solution pour soigner un patient de la plus haute importance, il dépeint un ecclésiastique aigri, revanchard, souvent ridiculisé par le roi et a recours à une jeune femme un peu crédule qui cherche l’amour. Les dialogues sont savoureux avec quelques formulations de l’époque sans que le style soit ampoulé. Par un effet de manche surprenant, cette comédie trouve un dénouement attendu. Eric Hübsch, avec son dessin semi-réaliste, apparaît très à l’aise pour illustrer les tenues, les coiffes de l’époque. Son dessin expressif donne aux personnages des émotions palpables.