parution 20 août 2025  éditeur Bamboo  collection Grand angle
 Public ado / adulte  Mots clés Chronique sociale

La Dernière CroiZAD

Un noble désargenté mobilise des anarchistes et des gauchistes, pour monter une ZAD qui empêchera l’implantation d’une zone commerciale à côté de ses terres. Subjonctif imparfait et comique caricatural de situation.


La Dernière CroiZAD, bd chez Bamboo de Pelaez, Sejourne
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Yellow Star Yellow Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

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  • dessin Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

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    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

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L'histoire :

De nos jours, un noble désargenté, Godefroy Valence de Ternes d’Argence, se promène à cheval sur « ses terres ». En faisant le cornichon avec une branche qu’il tient comme une lance de joute, il choit et son cheval se carapate. Tandis qu’il se relève et traverse quelques fourrés pour le récupérer, il surprend une conversation qui le bouleverse. Le maire de sa bourgade discute avec le promoteur immobilier Ridefort. Il lui laisse entrevoir le gigantesque projet immobilier qu’il vient d’accepter dans ce champ à la frontière du domaine des Valence de Ternes d’Argence et qui va lui permettre d’atteindre l’obligation légale de 20% de logements sociaux sur sa commune. Godefroy est interloqué. Ce champ et ses servitudes en ruines représentent bien plus qu’un simple champ frontalier de son domaine. Son cheval retrouvé, il rentre au triple galop jusqu’à sa ferme fortifiée, pour en parler à son épouse, Jeanne-Baptiste, qu’il vouvoie. Celle-ci cesse immédiatement de s’occuper de ses ruches, toute aussi choquée que son mari. Tandis que leurs enfants Charlotte et Côme, des jumeaux, rentrent du lycée, ils se demandent comment agir pour empêcher que des logements sociaux et une zone commerciale viennent s’implanter en ce lieu. Dès le lendemain, ils prennent rendez-vous avec un avocat, qui ne leur offre hélas guère d’espoir en matière de recours légal – et pour cause : il est de mèche avec Ridefort…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Ce scénario est typique de la verve truculente et du goût pour le picaresque et les télescopages culturels de Philippe Pelaez. Comme le laisse parfaitement entrevoir le titre, cette histoire contemporaine met en scène un noble à l’origine de l’animation d’une ZAD, pour empêcher qu’un promoteur ne transforme un champ qui lui est cher en zone commerciale. Bien que désargenté, le noble en question est une caricature de la vieille France : il vouvoie femme et enfants, et emploie plus de raison le subjonctif imparfait et le passé simple. Autant dire que l’alliance de circonstance avec une bande d’anars et de gauchistes pure souche est un choc ! Pour autant, chacun met de la bonne volonté pour accepter l’origine sociale de l’autre : « Il faut de tout pour faire un monde et on vit tous sur le même bout de planète ». Cette leçon de tolérance est la morale qu’on peut retenir de ces turpitudes sociales, qui valent surtout pour l’humour de situation, le phénomène artificiel d’acculturation et les jeux de mots permis par l’emploi de conjugaisons rarement usitées et du vocabulaire quasi médiéval. Pelaez s’amuse tellement de ce canevas, qu’il l’étale sur 156 pages, découpées en 14 chapitres – et on ne lui en voudra pas, malgré quelques grosses ficelles, étant donné que c’est à la fois intelligent, instruit, truculent et humain. Le dessinateur Gaël Sejourné s’amuse visiblement lui aussi beaucoup, étant donné qu’après Les fesses à Bardot, il rempile au côté de Philippe Pelaez, en déclinant sa griffe semi-réaliste maîtrisée et très agréable. Son chara-design insiste idéalement sur les profils caricaturaux des personnages, un hommage appuyé au Robert Shaw des Dents de la mer en prime (Quint, chasseur de requins !)

voir la fiche officielle ISBN 9791041111503