L'histoire :
7 août 1914, sur le quai de la gare St Charles de Marseille, la mère d’Auguste vient lui dire au revoir avant qu’il ne parte se battre en Loraine contre les allemands. Le jeune conscrit tente de la rassurer : il lui promet que le conflit ne durera pas et qu’il sera de retour dans quelques semaines. Dans le wagon, les autres appelés fêtent leur départ et fanfaronnent, considérant que les allemands ne leur résisteront pas. Après 3 jours de voyage, les méridionaux arrivent enfin dans l’est de la France. L’accueil qui leur est réservé par leur lieutenant est des plus hostiles. Pendant ce temps, au QG du Général Castelneau, les officiers supérieurs se sont réunis pour préparer l’offensive contre l’ennemi. Malgré leurs réserves sur la stratégie choisie par l’Etat-Major de marcher en direction d’une région imprenable, les militaires vont obéir aux ordres du Général Joffre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’approche des commémorations de la grande guerre, les ouvrages se multiplient sur ce thème. Jean-Yves Le Naour (scénariste), historien spécialisé sur la première guerre mondiale, s’est inspiré du triste sort de deux soldats, Auguste Odde et Thomas Tomasini, diffamés par la nation. En effet, après la défaite cuisante du 21 août 1914, qui a fait des milliers de morts, l’Etat-Major parisien, plutôt que d’assumer ses erreurs stratégiques, fait endosser la responsabilité de cette boucherie à quelques soldats venus de Provence. On s’attend donc à un énième récit sur l’horreur de cette guerre, mais l’histoire est prenante, bien amenée, la tension est progressive. Bien sûr, on n’échappe pas aux horribles scènes de combat, ni aux conditions de vie difficiles des poilus… mais l’intérêt majeur de ce récit réside dans la description précise d’un mécanisme qui aboutit à une manipulation d’Etat basée pour partie sur un clivage entre les gens du nord et ceux du sud. Pour un premier scénario, la narration est fluide, maîtrisée, et on sent l’étau se refermer sur ces deux boucs émissaires impuissants jusqu’à leur condamnation. On referme ce livre la gorge nouée. Le trait semi-réaliste d’A.Dan (Alexandre Daniel) est simple, avec quelques imprécisions, mais terriblement efficace pour mettre en relief cette tragédie historique. Ce one-shot est étoffé d’un cahier didactique de 8 pages sur ces soldats du Midi, morts pour l’exemple.