L'histoire :
Salon-de-Provence, 1939. La jolie Patricia Amoretti apporte un panier déjeuner à son père. Ce dernier est puisatier : avec son ouvrier Felipe, ils posent des mines au fond d’un puit pour le nettoyer. Sur son chemin, au bord d’un ruisseau, elle croise un charmant jeune homme qui lui propose son aide pour traverser le ruisseau. Ce garçon qui ne laisse pas Patricia indifférente n’est autre que Jacques Mazel, le fils de riches commerçants propriétaires du « bazar » du village. Felipe quant à lui n’est pas insensible au charme de la fille de puisatier et il n’hésite pas à s’en ouvrir à son patron. Il lui révèle également qu’il vient de faire un gros héritage et l’acquisition d’une voiture. Face à de tels arguments matériels, le père de Patricia est séduit par l’idée que sa fille s’amourache de ce bon parti. Le duo échafaude une stratégie pour forcer le destin : Felipe va profiter d’une invitation à un meeting aéronautique pour tenter de séduire Patricia. De son côté, Patricia fait tout pour croiser à nouveau celui qui l’a aidée à franchir le ruisseau et dont elle connait assez peu de choses. En effet Jacques est resté discret et ne lui a pas dévoilé qu’il était pilote dans l’armée de l’air.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La fille du puisatier est le 11ème film de Marcel Pagnol, sorti en 1940. Cette comédie dramatique a une nouvelle fois pour toile de fond le thème des filles-mères, un sujet que Pagnol avait déjà abordé dans sa trilogie marseillaise. Jacques qui a mis enceinte Patricia est mobilisé précipitamment pour partir au front : il n’a même pas le temps de prévenir lui-même celle qu’il aime et confie à sa mère le soin de prévenir Patricia. Evidemment, la mère n’accomplira pas la mission confiée par son fils. Peu après le départ de Jacques et à l’annonce de sa grossesse, Patricia va se voir répudiée par son père et les parents de Jacques. Comme un malheur n’arrive jamais seul, l’avion de Jacques aurait disparu dans un tragique accident : la jeune fille mère va alors trouver refuge auprès d’une tante qui a elle aussi élevé ses enfants seule. Cette adaptation nous replonge dans la France des années 40 avec une société particulièrement patriarcale où le père « choisit » le futur époux de ses filles. Pagnol critique les valeurs morales qui pointent du doigt les filles mères ou encore les familles pour qui la réputation est parfois plus importante que les liens du sang. Pour l’époque, le propos était particulièrement moderne. Malgré la tragédie de la situation, on se régale des dialogues truculents de Pagnol. Ses personnages hauts-en couleurs et en verbe sont particulièrement attachants, même s’ils ont des principes d’un autre temps. Cette adaptation est condensée : le film dure 2h50, il est ici adapté un one-shot BD de moins de 75 pages. Elle reste néanmoins fidèle à l’esprit progressiste de l’œuvre originale sans trahir les intentions de Pagnol. Avec son dessin réaliste, Emilio Van der Zuiden sert parfaitement l'adaptation : on est pleinement immergé dans le terroir provençal pittoresque. Les jeunes personnages féminins ont des formes pulpeuses, avec des lèvres noires qui viennent souligner leurs traits fins du visage. Un très bon moment de lecture !
