L'histoire :
Marius est le fils d'Antonin, abandonné par son père qui a donné sa vie au cours de la guerre d'Espagne. Contraint par sa mère à poursuivre dans sa vocation de prêtre malgré son amour pour la jeune Sidonie, il va rejoindre la ville de Brest pour y exercer son sacerdoce. La première étape de son nouveau travail sera de préparer la visite de l'évêque pour l'inauguration de l'église Saint Martin reconstruite après la guerre. Mais rapidement, le jeune prêtre prend conscience de la grande pauvreté dans laquelle vivent les habitants de la ville, regroupés dans des baraques en bois construites à partir de 1944. Le contraste entre cette misère et la superbe statuette de vierge en or massif que lui montre Monseigneur de Bonneville le heurte. Une église plus sensible à l'éducation des âmes qu'à la vie quotidienne de ses paroissiens ne correspond pas à sa vision de son engagement personnel. A la lecture des carnets de son père, Marius est convaincu que sa propre mort inéluctable à 33 ans doit être le moyen par lequel il se sacrifiera pour aider les autres. Mais il ne sait pas comment cela pourra se passer. Pendant qu'il prie pour Sidonie, des cambrioleurs s'introduisent dans le grenier où se cache la précieuse statuette.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour ce second volume, l'auteur Jérôme Félix place son intrigue au cœur du Brest de l'après-guerre et de son contexte social très marqué. Il construit une chronique empreinte de réalisme, décrivant les difficultés matérielles des ouvriers de l'industrie, alors que le plein-emploi devrait leur permettre d'améliorer leur quotidien. Les évènements qui vont conduire Marius vers le sort qui lui est réservé à 33 ans sont insérés dans une situation plus large, comme l'était le sort d'Antonin au cœur de la guerre d'Espagne. L'intention de Laurent Galandon, le concepteur de cette série, est donc claire : il va positionner chacun de ses personnages au sein de la Grande Histoire. En revanche rien ne nous permet de savoir si le sort réservé à tous les aînés Brossard prendra fin d'une manière ou d'une autre. Pris comme un one shot, ce Marius 1954 est intéressant mais ne captive pas, trop contraint par la nécessité d'entretenir plusieurs fers au feu : le sort de Marius, les manifestations ouvrières avec le comportement choquant des notables et industriels locaux, et l'enquête autour de la vierge volée. 48 planches, c'est trop court pour apprendre à connaître Marius, s'attacher à sa personnalité, ou pour creuser un tant soit peu son historique familial. On s'attendrait pourtant à voir la Lignée apparaître de manière plus dense au cœur de ces aventures... Il est clair que le personnage de Sidonie n'existe que pour donner à Marius le fils dont la série a besoin. Il reste une enquête policière intéressante et bien menée, avec un petit effort à produire par le lecteur pour reconnaître les multiples personnages proposés par le dessinateur Xavier Delaporte. A noter, en fin d'album, un intéressant dossier photo sur le Brest de l'après-guerre...