L'histoire :
Janvier 1484, quelques mois après la mort de Louis XI, les états généraux vont se réunir pour régler la querelle qui oppose Anne de Beaulieu (fille de Louis XI) et Louis duc d'Orléans, premier prince de sang. La tutelle et la régence du roi Charles VIII, encore mineur, ont été confiées à sa sœur Anne, ce que conteste le duc d'Orléans. Louis d'Orléans sait que Charles sera manipulé par sa sœur, elle qui a hérité de son père de l'art de la duperie. Louis XI n'avait-il pas organisé quelques années plus tôt le mariage entre Louis et sa fille cadette, Jeanne la Boiteuse, dans le but d'éteindre à jamais la lignée des Orléans par cette union stérile ? Plus à l'Ouest, le duc de Bretagne, qui s'est déjà opposé à la royauté française avec la ligue de Bien public, a fort à faire avec la noblesse bretonne. Cherchant à gagner des soutiens pour contrer la puissance française, il multiplie les promesses de mariage de sa fille Anne.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Même entre membres d'une même famille de noble lignée, la recherche du pouvoir mène parfois les hommes ou les femmes à de sombres manigances, des coups bas ou à exhumer des secrets de famille sordides. Philippe Pelaez utilise le contexte de la « guerre folle » et de la « guerre de Bretagne » pour ce récit historique. Chacun des clans qui s'opposent ont leurs hommes de main, prêts à accomplir la sale besogne. Anne de Beaulieu peut compter sur le soutien d'Axel Lochlain, un aventurier écossais borgne. Louis d'Orléans, quant à lui, se voit proposer les services de Pierre d'Armagnac (un bâtard) et de Quasimodo. Chacun des 2 clans tente de récupérer des lettres, preuves, qui pourraient remettre en cause la filiation de Louis d'Orléans et donc sa légitimité pour accéder au trône. Si dans un premier temps, le contexte politique nécessite un peu de concentration pour saisir les enjeux et le rôle des nombreux protagonistes, dans un second temps, l'intrigue devient très prenante. L'essentiel des faits relatés sont globalement authentiques mais la narration de Philippe Pelaez donne à cette histoire un caractère romanesque digne d'un récit de capes et d'épées. Eric Stalner, familier des récits d'époque (Saint Barthélemy, La grande peste, Le roman de Malemort), nous enchante avec ses ambiances crépusculaires, ses personnages aux traits rustiques. Le premier volume s'achève sur une révélation fracassante qui nous laisse dans une attente fébrile du prochain tome, qui devrait clore cette histoire.