L'histoire :
Le poète Pancrace a été embauché par le terrible Attila pour rédiger sa biographie. Le chef des huns, surnommé le « fléau de Dieu » en raison de sa cruauté sans borne, souhaite en effet passer à la postérité comme étant le barbare le plus féroce de tous les temps. D’ailleurs, si le poète ne parvient pas à s’affranchir de cette mission, Attila lui promet de l’embrocher sur un pal. Alors Attila se raconte, se met en scène, en fait des caisses… Et il reconnait que, finalement, une petite guerre permettra à son biographe de mieux appréhender de visu ses capacités en matière d’inhumanité. Il décide ainsi d’envahir la Gaule. Sauf que, pour ce faire, il lui faut une armée. Attila lance donc un recrutement pour s’adjoindre des guerriers – Pancrace lui rédige une annonce. Quelque temps plus tard, se présente Bruno, un nain un peu abruti qui met du sel sur son cheval au lieu d’une selle. Puis ils débauchent Berthold, un guerrier professionnel à qui pèse la vie rangée de père de famille. Ils croisent ensuite Zsambor, qui chasse l’ours à mains nues – il croit que c’est un lapin. Puis Abel, le chef de Zsambor…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Rions un peu avec les huns et leur légendaire barbarie sourde et cruelle. Telle pourrait être la devise de cette nouvelle série de gags (d’une demi-page ou une page complète), qui se devine dès la couverture sur fond jaune (le célèbre hun jaune). On y voit Attila, un hun nain, pourvu d’un regard hun-pitoyable, avec derrière lui une bande d’hun-compétents. Le titre est également plutôt astucieux : notre troupe de déglingos se positionne en clin d’œil au Club des cinq, en cinq fois moins malins. Car nos huns sont ici présentés sous un jour débile, à commencer par leur chef. À l’instar de Joe Dalton dans Lucky Luke, Attila adopte logiquement le rôle du teigneux psychopathe, dont le plaisir ultime est de trucider ou torturer son prochain. Et même lorsqu’il fait des bonhommes de neige, c’est pour les exhiber empalés sur des pieux. Etant donné que la littérature mémorielle est floue concernant l’authentique férocité de ce personnage historique, l’auteur Dab’s reconnait s’être accordé bien des facilités. Il peut ainsi s’affranchir de toute vocation pédagogique, quitte à ponctuer ses gags d’ustensiles anachroniques (cafetière, chevalet, jeu de cartes, père Noël…). Il semble entre autre y avoir confusion quant à l’usage du pal, entre Attila et Vlad Dracul, autre prince authentiquement oriental et cruel. La griffe artistique ultra-caricaturale et dynamique de Dab’s convient à ce registre volontairement crétin. Les ressorts humoristiques pratiqués restent cela dit très consensuels, ou attendus, avec des running-gags récurrents (le hun qui prend tout ceux qui l’entourent pour des lapins). Jusqu’alors édité par Glénat (Tony et Alberto, Nino et Rebecca…), l’auteur humoristique s’expatrie pour la première fois chez Bamboo. Ce recueil de gags a été initialement présenté aux éditions Dupuis, qui l’a publié par petites doses dans Spirou, mais l’a refusé en album… Sans doute faisait-il tâche avec l’autre version humoristique – quoique plus didactique – d’Attila, récemment parue dans la Véritable histoire vraie…