L'histoire :
Mai 1981, Gaillac. Les élections présidentielles viennent de donner leur verdict depuis une semaine. La gauche arrive au pouvoir. Mitterrand a battu Giscard. Le dimanche suivant, c’est jour de gigot avec flageolets chez mémé. Toute la famille est réunie autour de la table. À côté de mémé, on retrouve le petit Pilou (enfin Philippe) fidèle au poste. Il vient de lâcher une caisse, qui schlingue... mais ce qui est pratique avec mémé, c'est que tous les regards se tournent vers elle. Autour de la table, il y a les parents de Pilou. Virginie qui est coiffeuse et Pablo qui est agent de maîtrise. Pablo est espagnol, il aurait aimé s'appeler Paul, mais l’administration a refusé ce changement. Il est né dans les Asturies. Orphelin très jeune, il a été élevé par sa tante en France après avoir traversé les Pyrénées non sans mal. Il y a aussi le tonton et la tata de Pilou. Alain vend des voitures et Josette vend les Assurances pour les voitures. Et puis, il y a Tonton Claude. Tout le monde trouve suspect qu’à 42 ans, il ne soit pas marié. En même temps, il est coiffeur, alors on le traite de tata. Clothilde la fille de mémé et son compagnon Rodrigue sont également là. Ah oui... on ne vous a pas encore présenté Pierre et Alice, les enfants d’Alain et Josette. Pierre est un révolté, vêtu d'un blouson noir. Il se prend pour Renaud. Josette n’arrête pas de se moquer de Pilou et de son physique en le traitant de rond comme un saucisson. Tout ce beau monde parle bien sûr des élections mais aussi d’un secret savamment gardé par mémé. Il paraît qu'il y a des louis d’or cachés dans la maison. Et tous sont bien déterminés à mettre la main dessus pour payer des dettes ou améliorer son quotidien. La chasse d’or est lancée !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis le formidable succès de Château Bordeaux et ses centaines de milliers d’exemplaires vendus, Espé multiplie les horizons du 9ème art en élargissant son style pour devenir au fil du temps, un auteur complet. Il a exploré l’histoire avec les excellents L’île des justes et la trilogie Une famille en guerre. Il est parti dans l’humour trash avec les tordants Soyons sérieux, restons idiot et Vivre est dangereux pour la santé sous l’égide de Fluide Glacial. Il a même fait ressortir des souvenirs personnels avec Le perroquet et Le col de py. Aujourd’hui, c’est Le gigot du dimanche, une jolie fable familiale qui nous montre l’étendue de sa palette d’auteur avec au scénario, le fameux Philippe Pelaez. Tous les ingrédients sont au rendez-vous de l’humour à gogo (à la fois grinçant et brut de décoffrage), des sentiments exacerbés, des passés enfouis et des coups de canifs dans le contrat. Les scènes s’enchaînent à tire-larigot devant l’œil malicieux de pilou le petit garçon qui hallucine devant la cupidité et l’intérêt suscité par les louis d’or. On pense bien sûr à des comédies comme La folie des grandeurs ou La soif de l’or, au encore au recueil de polars de Roald Dahl, Coup de Gigot et autres histoires à faire peur. C’est drôle, burlesque, avec des effets de manche de bout en bout et un sacré secret à la clé ! Au dessin, Espé s'en donne à cœur joie pour illustrer cette belle histoire. Sa mémé est à croquer... si espiègle pour faire tourner tous ses ayants-droits en bourrique. Son style graphique sied parfaitement à cette chouette histoire, avec des visages expressifs à souhait... On referme l'album en se disant qu'on a passé un très bon moment avec de belles émotions.