L'histoire :
Dans un coin de nature bordé d’eau, Papa canard fait les 100 pas à côté de Maman canard, qui couve tranquillement ses œufs. Soudain, la canne lance l’alerte : les œufs ont bougé, ils sont sur le point d’éclore. Effectivement, trois canetons percent leur coquille et sont aussitôt couverts de baisers de leurs parents. Un quatrième œuf, gris et un peu étrange, reste pourtant immobile. Il réclame visiblement quelques heures de couvée de plus. Dont acte : Madame canard se réinstalle sur l’œuf. Quand il finit par éclore, tout le monde est surpris : le caneton est hideux, gris, trop grand et son cri ressemble à un méchant klaxon. En dépit de l’amour qu’il réclame, il est aussitôt rejeté par ses parents : assurément, il n’est pas des leurs ! Le vilain petit canard insiste, mais rien n’y fait : la petite famille canard s’éloigne sur la marre en l’abandonnant derrière eux. Il pleure encore plus à chaudes larmes lorsqu’il a l’explication de ce rejet, en regardant son reflet dans l’eau. Effectivement, il n’est pas du tout comme les autres, et les ondulations de la marre accentuent encore sa difformité. Il tente alors de trouver sa vraie famille, une qui lui ressemble, et il tombe sur des oies. Il n’a pas le temps de les approcher qu’elles sont aussitôt canardées par des chasseurs…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le vilain petit canard est sans doute l’un des contes les plus connus d’Andersen, aux accents initiatiques particulièrement cruels. Il est donc logique de le retrouver dans la collection Pouss’ de Bamboo, qui fait ses choux gras en adaptant (et rééditant !) en BD ces histoires populaires à l’intention des tout petits. Le cahier des charges de la narration muette est admirablement respecté par le dessinateur Curd Ridel, au dessin humoristique très expressif. Celui-ci n’avait certes pas un challenge très poussé, tant les contingences du conte paraissent limpides et faciles d’accès. Néanmoins, les trouvailles graphiques sont très drôles et ne manqueront pas de faire rire les enfants : un cor de chasse pour signifier le cri dissonant du vilain petit canard ; les mandales qu’il se mange de tous côtés lorsqu’il réclame une filiation ; le déguisement en poupée… Tout cela est très efficace sans dénaturer l’original. Evidemment, on ne risque pas grand-chose à déflorer la fin bienheureuse, vu que personne ne l’ignore : comme dirait Jean-Jacques Goldman, il suffira d’un cygne… Doté d’une couverture rembourrée, le petit livre se termine comme toujours par le conte annexé et rédigé en entier par Hélène Berney (pour les papy-mamie qui préfèrent lire pour endormir) et par une petite leçon de dessin : tracez les personnages sur quadrillage et apprenez à rendre les émotions.