L'histoire :
Vers la fin du séjour estival et familial au bord de la mer, c’est l’anniversaire de Meï, 11 ans. Or son papa a oublié les cadeaux à la maison. Donc Meï ouvre un petit paquet de remplacement et découvre… du papier à lettres, avec des chats comme motif. Quelle drôle d’idée !? Meï s’en va seule ruminer son amertume sur un rocher au bord de l’eau. Une autre fillette de son âge, Charlotte, s’installe à côté d’elle avec une problématique strictement identique : ses parents lui ont offert le même papier à lettre (un peu moche) pour sa fête. L’unique boutique du village ne devait décidément pas avoir grand choix ! Les deux préadolescentes sympathisent rapidement et passent ensemble la meilleure journée de leurs vacances, entre jeux de plage, cornets de glaces, balades en ville ou au bord de l’eau. C’est vraiment pas de bol de ne pas s’être rencontré le premier jour des vacances ! Car dès le lendemain, les deux familles doivent repartir dans leurs pénates pour la rentrée. Les deux nouvelles copines se disent au-revoir avec un gros pincement au cœur. Elles se promettent de s’écrire, « comme des vieux », et uniquement sur ce papier à lettre qui scelle leur amitié. Charlotte découvre ainsi le nouveau village où ses parents s’installent en tant que boulangers : Salers, dans le Cantal. Meï, elle, va devoir supporter un an d’engueulades de ses parents et une ambiance collégienne pourrie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En notre début de XXIème siècle, l’avènement sans partage des portables et des réseaux sociaux chez les jeunes relègue les cartes postales et les courriers manuscrits au rang de pratiques archaïques. C’est donc un pari scénaristique osé et louable que de réhabiliter l’efficacité d’une relation épistolaire entre deux fillettes qui entrent en 6ème. Pour fondement, deux préadolescentes se voient ici offrir le même papier à lettres à motifs de chats top-ringards. Elles décident alors de sceller leur amitié une année durant autour de ce cadeau commun, via une utilisation classique, « comme des vieux ». La narration d'Ingrid Chabbert et de Christophe Cazenove, véritable pilier créatif central des éditions Bamboo, s’emploie dès lors à alterner les séquences de 4-5 planches montrant la vie des deux petites héroïnes au gré des saisons, ponctuées de leurs lettres manuscrites, résumant l’une à l’intention de l’autre ses sentiments vis-à-vis des expériences de vie traversées. Pour l’une, c’est la découverte d’un village rural et l’emploi du temps stressé de parents boulangers ; pour l’autre, c’est une ambiance de collège difficile qui n’a rien à envier au divorce prévisible de ses parents. Les deux fillettes ne se sont physiquement connues qu’une seule journée, mais leur amitié se renforce, se construit et s’idéalise autour de leurs confessions écrites réciproques. Chacune attend fébrilement des nouvelles de l’autre, le partage et le feedback de leurs joies et de leur peine s’avérant le plus solide des ciments. En sus de véhiculer de belles valeurs, il y a donc beaucoup plus à lire dans ce tome 1 que dans une BD ordinaire – surtout que la pagination pousse jusque 78 pages ! Les séquences BD sont dessinées par la griffe semi-réaliste ad hoc, douce et précise, de Cécile ; les lettres manuscrites de Meï étant assurée par sa nièce (mais qui a donc écrit pour Charlotte ?). Un tome 2 semble annoncé… Tout l’enjeu sera alors de renouveler l’intérêt autour des belles intentions épistolaire sur une seconde année de vie.