L'histoire :
Un soir de décembre 1809, sur le quai d'une ville portuaire, un homme encapuchonné entre dans une taverne. Il va vers l'aubergiste et lui indique qu'il est conteur. Il lui demande si, en échange d'une histoire, il peut bénéficier du gîte et du couvert. L'aubergiste lui indique que si l'histoire est bonne, il lui offrira ce qu'il souhaite. Sinon, il finira dans le port. Autour de lui, les gens ricanent, et un homme précise qu'aucun des conteurs qui ont essayé ont jamais réussi. Mais l'homme est sûr de lui. Cela fait des années qu'il raconte cette histoire, et il ne doute pas d'elle. Alors, il s'approche du feu, et retire sa cape. Il dévoile son visage, sa chevelure blanche et ses innombrables tatouages intrigants, venus du monde entier. Une exclamation de surprise s'empare de la foule. Et l'homme débute son histoire... Celle-ci s'est déroulée il y a de cela vingt ans, à bord du navire marchand l'Alicante. Un jeune garçon dessine sur le pont. Ici, on le surnomme Rêveur. Un homme s'empare du dessin, et voit que le gamin a dessiné des baleines. Il s'énerve et lui demande de se bouger, plutôt que de glander et de gribouiller ! Mais en arrivant sur le pont, l'homme découvre un membre de son équipage pendu au mât, avec la lettre A dessinée sur le front. Dans l'équipage, personne ne sait lire, et c'est Rêveur qui leur explique quel est ce symbole laissé sur le front du matelot défunt. L'équipage écoute d'une oreille, sans se douter qu'une vague de meurtres va se succéder sur le navire...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Deux auteurs s'associent pour nous livrer une histoire de piraterie en one-shot : Kristof Mishel, scénariste qui se lance dans sa première bande dessinée, en nous dévoilant son univers aux frontières de l'étrange et du fantastique ; et Beatrice Penco Sechi (Lady Doll) qui est ici illustratrice. Ce qui nous interpelle en premier lieu, c'est la couverture saisissante. Celle-ci s'avère pourtant légèrement trompeuse au niveau du dessin, qui est un peu plus classique dans l'album, mais aussi au niveau du visuel. En premier lieu, celui-ci peut nous faire penser à un ouvrage pour la jeunesse, alors qu'il s'agit d'une bande dessinée pour adultes. La narration va nous faire voyager sur un bateau en pleine mer, sur lequel il se passe des événements inquiétants, des meurtres, qui pourraient laisser penser que des forces surnaturelles venant des océans se vengent des hommes. Au milieu de ce chaos, un jeune garçon surnommé Rêveur passe son temps à écrire et à dessiner son journal de bord. C'est tout à fait le genre de bande dessinée frissonnante à lire au coin du feu la nuit, ou à raconter à ses amis. De belles planches illustrées prennent parfois plus de libertés graphiques, notamment lorsque nous découvrons les dessins de Rêveur. Cet album estival tient en haleine. La fin, assez travaillée, délivre un puissant message.