L'histoire :
Lucile rentre chez elle, où son copain chômeur passe ses journées à jouer aux jeux vidéo. Elle annonce qu’elle a accepté le job que lui proposait la chaîne d’infos en continu KfmTV. Son mec hallucine : cette chaîne, c’est le degré zéro de l’information, la recherche permanente de buzz, quitte à surfer sur les fake news. Il doit ravaler sa colère lorsque Lucile lui demande des nouvelles de sa recherche de boulot à lui. Dès le lendemain, Lucile se pointe dans le hall de KfmTV. Il y a des affiches promotionnelles agressives partout et un vigile baraqué à l’entrée qui exige de fouiller son sac. Puis l’hôtesse d’accueil, à qui Lucile explique qu’elle a rendez-vous avec le directeur, lui présente un questionnaire préalable. Sur celui-ci, qui a une finalité statistique, Lucile doit cocher l’un des deux cases : Je viens pour le féliciter / pour l’agresser. Enfin, Lucile rencontre le directeur de la rédaction, Bernard Cambouis. Il lui fait une visite rapide des locaux, qui passe par la machine à café et la salle de rédaction. Lucile lui demande la ligne éditoriale à laquelle elle devra se plier. Cambouis lui affirme qu’il veut de l’info de première bourre, dans le respect de la déontologie, mais avec un principe fondateur supérieur à tout : faut être les premiers !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il est finalement très étonnant que le métier de journaliste, auxquels s’adonnent bien des aventuriers fondateurs du 9ème art (Tintin, Ric Hochet, Fantasio…), ait été aussi peu décliné en séries humoristiques – Les paparazzis mis à part. Pour héroïne de cette nouvelle série parodique sur le milieu de l’info en continu, une jeune journaliste tout juste diplômée se retrouve engagée au sein d’une chaine de TV qui diffuse « le degré zéro de l’information » (dixit son mec). Le scénariste Erroc prend évidemment ici pour cible les BFM, CNews, LCI, France Info et autre CNN, pour contexte de fond de ce premier recueil de gags en une planche – à l’exception du dernier gag en 3 planches. Il y a tant à dire sur les méthodes, la variété des sujets, l’égo des vedettes, l’actu prémâchée qui est donné aux téléspectateurs et la quête de scoop… Cependant, le propos d’Erroc n’est pas la critique facile – les réseaux sociaux représentent d’ailleurs une source autrement plus néfaste que les chaînes d’info en continue. Le scénariste des Profs est en outre pas mal inspiré, pour une belle variété de situations et de ressorts comiques. Il y a certes quelques balises récurrentes, comme l’égo surdimensionné du présentateur vedette, le confrère qui revient toujours « imbibé » par ses reportages, les visites au Charnaykistan (le pays paumé et archaïque, où il ne se passe jamais rien), le chômage du copain, l’ambition de star du petit écran que l’entourage de Lucile lui prête… Mais cette nouvelle série humoristique se démarque vraiment par la qualité et la variété de ses ressorts et de ses dialogues. D’autant que la partition visuelle confiée à Arnaud Poitevin n’est pas en reste : son dessin est juste, expressif et toujours impeccablement cadrée et équilibré. Une bonne surprise !