L'histoire :
Dans la famille Tuno, je demande la mère. La robuste et autoritaire Mamma Negra tient officiellement commerce d’une pizzeria familiale. Luigi, son fils, est certes le pire pizzaiolo de la Sicile, mais ce n’est pas très grave : on peut ainsi se servir de ses pizzas comme d’armes de destructions massives… Car non officiellement, la famille Tuno est un clan mafieux, qui impose le pizzo (un racket de cotisation pour assurer une « protection ») aux voisins ou organise des chantages, des rackets et des règlements de comptes. Le principal châtiment demeure alors de couler les victimes dans le béton. Le problème, vient alors essentiellement de Luigi : lorsqu’il ne fait pas de pizzas, il s’adonne à ces activités illégales, alors qu’il est irrémédiablement abruti. Son grand frère Amoroso, plus ambitieux, a beau le recadrer régulièrement, les bévues de Luigi plombent systématiquement les fonds de l’entreprise familiale. Enfin, la famille Tuno compte aussi la sœur Sorella, veuve et mère de la sexy Monica, archi protégée par ses deux oncles…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tiens donc, un métier plein de promesses avait été oublié par la collection « Humour job » de chez Bamboo : mafioso ! Hervé Richez, éditeur et auteur maison, se charge donc de combler cette lacune, en imaginant plusieurs gags de 1 à 2 planches mettant en scène deux hommes de mains abrutis (l’un tout de même plus que l’autre) au service de la pègre. Le meilleur atout de cette nouvelle série vient surtout du savoir faire graphique de Stédo (Les pompiers, Garage Isidore). Le dynamisme de son dessin, hérité d’une griffe « franquinienne » d’une belle maîtrise, colle en tous points au registre de la BD d’humour. Les ressorts comiques jouent alors sur 3 principaux clichés italo-mafieux : les pizzas comme activité paravent ; le kidnapping et le pizzo comme financement ; et la noyade avec les pieds coulés dans le béton comme châtiment. Ce qui est un peu gênant, c’est que Clarke vient tout juste de sortir une série de 3 albums empruntant le strict même concept, et qui a déjà éclusé ces ressorts dans toutes les largeurs (Cosa nostra chez le Lombard). C’est tout de même étrange la concomitance de certaines idées… Dans un sketch, en clin d’œil, Richez met également en scène l’Effaceur, une troisième série concurrente (scénarisée par un certain… Richez). La petite originalité vient ici tout de même du traditionnel parrain : pour contrarier le cliché de la trilogie de Coppola, celui-ci est une femme, une mamma au tempérament d’acier. L’usage de la mitraillette ne l’effraie pas, mais elle refuse catégoriquement de faire dans le trafic de drogue ou la prostitution. Politique « bon enfant » oblige…