L'histoire :
Dans un collège de campagne, il est temps de décider qui, parmi les surveillants, assurera les gardes de la soirée du réveillon. Bien évidemment, les choses ne sont pas simples quand quelques élèves passent l'ensemble de leurs vacances au lycée, où l'internat continue d'être assuré. Des parents à l'étranger, ou bien remariés et ne voulant pas s'encombrer d'un enfant de plus. Les deux derniers répétiteurs s'appellent Delacre et Blanchard, et postulent tous deux pour un poste de titulaire dans une classe de l'établissement. Lorsque, dans son bureau, le proviseur discute de la promotion à décider avec son adjoint, ce dernier énumère tout ce qui peut être reproché à Blanchard, à commencer par son apparence (l'homme n'est pas très beau), ou son surnom de « Merlusse » pour une sombre histoire d'odeur. Le chef d'établissement n'est pas dupe du piston dont bénéficie le concurrent de Merlusse, et réserve sa décision. Pendant ce temps, les élèves quittent un a un la cour de récréation pour aller récupérer leurs affaires lorsque leurs parents arrivent. Ceux qui restent vont s'installer en salle d'étude avec, parmi eux, le jeune Villepontoux, qui va garder sur lui ses vêtements de sortie, dans l'espoir d'une arrivée de dernière minute...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'intention est louable, la bonne volonté évidente dans cette adaptation d'un film de Marcel Pagnol en bandes dessinées. Serge Scotto et Eric Stoffel ont choisi de mettre en avant certains moments clés du film et de tenter de trouver, par ce biais, l'humanité touchante de l'œuvre originale. Certains dialogues sont littéralement transcrits pour mettre en scène l'emphase que le cinéaste leur accordait dans la version filmée de 1935, tandis que le dessinateur A.Dan (le pseudo choisi par Alexandre Daniel) reproduit les décors du lycée marseillais. Mais le travail n'est pas simple, et la dynamique des plus de 60 pages ne parvient pas à focaliser la caméra sur le cœur de cette histoire, qui doit toucher à la fois par le sort de Villepontoux et le rejet que subit Merlusse. Quelques éléments répétitifs tentent de reproduire la force de l'accent du surveillant dans la cour de récréation, un défi dont les auteurs ne se tirent pas trop mal, mais qui constitue la seule véritable accroche régionale de l'album. A l'impossible nul n'est tenu, et si l'accent chantant disparaît, c'est heureusement aussi le cas de la naïveté réellement datée du film. C'est l'aspect réussi de ce travail qui remet en selle le message humaniste de Marcel Pagnol et en retire les effets trop appuyés du cinéma réaliste des années 30. Après La Gloire de mon Père et désormais Merlusse, la collection Marcel Pagnol continuera, espérons le, de nous faire redécouvrir l'œuvre d'un auteur populaire majeur du siècle dernier.