L'histoire :
Allan et Julien, deux amis d’enfance, se préparent un beau matin à aller surfer. Le trajet en voiture est convivial et la discussion est partagée entre banalités usuelles et petites vannes amicales. Après un petit moment de silence entre les deux hommes, Julien lâche une bombe : « Putain 30 ans… » Julien regarde déjà dans le rétroviseur de la vie en se demandant qui il est et ce qu’il a fait jusqu’à maintenant. Il a en tête une image de l’homme qu’il devrait être à 30 ans. De son côté, Allan a plus de recul par rapport à la question, car pour lui ce n’est pas l’heure du bilan. Le problème de son ami vient certainement du fait qu’il se compare aux autres. Arrivé sur le spot de surf, Julien a les jambes coupées et se sent un peu faible. Il préfère se poser un peu dans le sable et ne peut s’empêcher de penser. Dans sa tête, les idées se bousculent. « Pourquoi la norme serait-elle un but en soi ? Si tu arrives à te comparer à rien… peut-être que tu deviens ce que tu es… mais pour réaliser que je suis différent, il faut bien que je me compare aux autres ! » De retour à la maison, Allan et Julien se retrouve devant leur écran d’ordinateur à communiquer avec leurs amis par appel vidéo. Laurent les informe qu’il aimerait organiser un weekend à la mer, tous ensemble, car pour joindre l’utile à l’agréable, il est en train d’écrire une histoire sur une bande de copains qui se retrouvent et échangent leurs points de vue de jeunes adultes. Le rendez-vous est pris. Sept ans après leur dernière rencontre, les cinq copains vont de nouveau refaire le monde durant un weekend...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Aaaah les amis, les copains, les potes, les potos... Il fallait bien un album de 120 pages pour leur rendre hommage. En auteur complet, Laurent Bonneau livre avec authenticité une tranche de vie au cours de laquelle cinq amis d’enfances se retrouvent après sept années de séparation. Pour leur bon plaisir, tout d’abord, mais aussi pour aider le projet de bande dessinée d’un des leurs. Ce qui est magistral dans cet album, c’est que la totalité des lecteurs qui ont une bande de copains d’enfances ou d’école se reconnaîtront dans les situations présentées. En parcourant les pages, on rit, on s’émeut, et parfois on prend une pause, car la situation nous fait penser à une anecdote de sa propre vie. Avec un trait très réaliste et un style de dessin qui permet de prendre son temps, l’album pousse à l’évasion et stimule la mémoire personnelle. Les superbes doubles pages de paysages vous feront voyager dans vos pensées et vos souvenirs. L’album est en noir est blanc, avec juste un élément de bichromie dans chaque case, coloré en orange clair ou orange saumoné pour la gente féminine qui possède une palette de couleur plus étoffé et précise. Ce parti-pris colorimétrique est artistiquement une belle idée, et ajoute une petite touche de gaieté à l’album. Les lecteurs de la trentaine se retrouveront peut-être un peu plus dans les questions, presque philosophiques, que se posent les protagonistes. Pourquoi ne suis-je pas heureux, alors que ma société tourne ? Est-ce que je vais laisser une trace dans la postérité ? Suis-je prêt pour fonder une famille ? Les réponses ne sont pas évidentes, mais un ami donnera son avis sans jalousie ni envie, nous réconfortera dans nos doutes, ou nous confrontera à la dure réalité pour nous ramener les pieds sur terre. Dans les années 30, Henri Garat chantait « A chaque seconde, on rit de ses chagrins, quand on possède un bon copain ». Ces mots, quelques neufs décennies plus tard, gardent tout leurs sens. Parfois la vie nous sépare, les amours, le travail, la famille et le rythme infernal de la vie, nous empêchent de nous retrouver. Mais même si l’on ne se voit pas souvent, peut-être une ou deux fois par an, le plaisir est toujours intact, lorsqu’on trouve un moment pour se remémorer les meilleurs instants.