L'histoire :
Le 5 décembre 1914, après deux échecs successifs pour conquérir le pôle sud, le britannique Sir Ernest Shackleton trépigne que son navire l’Endurance lève enfin l’ancre de Géorgie du sud. Il s’est fait griller la première conquête par Amundsen et s’est donc donné un nouvel objectif : traverser le continent Antarctique d’une mer à l’autre – en passant bien entendu tout de même par le pôle. Malgré la fenêtre météo médiocre, il n’attend pas la fin des discours officiels pour larguer les amarres. Il entend bien faire honneur à la devise familiale : Fortitudine Vincimus, qui peut se traduire par « nous vaincrons par l’endurance ». A bord, en plus des 28 hommes d’équipage, chacun spécialiste d’une compétence précise, il y a une meute de chiens, destinée à tirer des traineaux. Ils découvrent aussi un petit passager clandestin qui s’est caché dans la cale, trop envieux de faire partie de l’expédition. Les choses se compliquent le 28 décembre (au cœur de l’été austral), alors qu’ils se frayent une route à travers une banquise compacte. Les tempêtes et les rigueurs du froid les obligent à mettre le cap vers Luitpold, un point de départ terrestre bien plus éloigné qu’envisagé. Mais la banquise se referme sur l’Endurance… définitivement !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a comme ça des thématiques dans l’air du temps. L’épopée authentique d’Ernest Shackleton, qui assouvit une ambition démesurée pour traverser l’Antarctique en 1914, en fait partie. Elle vient à peine d’être racontée dans un one-shot de la collection Mirage (Delcourt), logiquement titré Endurance (du nom du bateau de l’explorateur), que la voilà de nouveau mise en cases et en bulles dans un diptyque de la collection Grand angle, chez Bamboo. A l’origine de ce second projet, il y a un film, à l’heure actuelle toujours dans les cartons de Jacques Malaterre, et coécrit par Jean-François Henry. L’auteur-éditeur-maison Hervé Richez en adapte le scénario, tandis qu’Olivier Frasier en réalise le dessin. Le premier n’a donc pas le mérite de l’originalité, mais son travail de découpage et d’adaptation est impeccable. En marge de la mise en scène des faits, le scénario insiste sur l’ambiance souvent tendue entre les hommes et l’opiniâtreté extrême du « boss ». A travers son dessin, le second n’a aucun mal à camper le décorum, mais il est moins convaincant pour différencier les protagonistes entre eux. Pas besoin d’attendre le second tome pour savoir comment cela se termine : la postérité a retenu le nom de Shackleton pour sa volonté et son humanité. L’aspect héroïque de l’épopée tient dans la prouesse du sauvetage complet de l’équipage et non à la conquête, qui fut un échec. A l’obsession du pôle, a en effet découlé l’obsession de récupérer l’équipage sain et sauf, une fois le navire brisé par les glaces. Malgré des conditions climatiques dantesques, les 28 hommes furent tous sauvés… 3 ans après leur départ ! C’est sur cette dimension humaine que les auteurs se sont concentrés pour parvenir à cette première partie tout à fait prenante.