L'histoire :
Eagle est un artisan tatoueur professionnel qui a pignon sur rue et respecte en tous points l’éthique de son art. En effet, il s’agit aussi bien de garantir la santé du client, que de cerner la maturité de la demande, ou l’état psychologique du futur tatoué. Au quotidien, Eagle examine donc les demandes au guichet, où il dispose de nombreux catalogues de motifs et il prend ensuite rendez-vous pour de longues séances de tatouage dans le cabinet situé au fond de la boutique. Rien ne l’agace plus que les petits branleurs qui demandent des tatouages tribaux parce que « ça fait viril pour leur copine ». Du coup, il a aussi acquis l’art de les dissuader en les effrayant avec une lame de rasoir « au cas où il louperait son coup ». Progressivement, Eagle initie aussi sa fille Béthany à l’art du tatouage, elle qui brûle de pratiquer de ses propres ailes. Néanmoins, étant donné qu’un tatouage est un motif qui reste à vie sur la peau, son père exige qu’elle ait un coup de main sûr. De fait, il lui demande de s’exercer sur de la couenne de porc. Béthany s’exécute et revient couverte de bleus : en effet, son père a oublié de préciser qu’il était préférable de ne pas s’entrainer sur des porcs vivants…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans la famille humour-job en bande dessinée made in Bamboo, je demande le tatoueur ! Ne croyez pas pour autant que le métier est surreprésenté au sein des artisans-commerçants, au point de constituer une niche d’acheteurs potentiels. En réalité, d’une part, l’art du tatouage, donc d’un certain style de dessin, est par définition parent avec celui de la bande dessinée. D’autre part, l’engouement public actuel pour cette pratique d’origine tribale est relativement jeune… tout comme le sont les fans de BD. En outre, la nature psychologique de la démarche est un vaste champ d’exploitation ; tout comme le métier de tatoueur recèle nombre d’anecdotes croustillantes, qui permettent aux auteurs de ne pas avoir à trop forcer leur talent comique pour trouver des idées de gags : il n’y a qu’à se servir dans le bêtisier de la profession. Christophe Cazenove, pilier de chez Bamboo, met donc en scène tout un tas de situations comiques liées à l’art du tatouage. L’irréversibilité de la chose, ainsi que les demandes loufoques des clients, couvrent à eux seuls 95% des sujets. Le dessinateur fondu du jardinage Richard Di martino applique à ce nouveau registre son coup de crayon humoristique, classique, pro et sans surprise. Notons enfin que l’éditeur et les auteurs terminent par deux annexes. D’une part, ils prennent le soin de mettre en garde les lecteurs les plus vulnérables et/ou inconscients, de manière didactique, sur tout ce qu’un tatouage implique. D’autre part, ils offrent une planche d’une vingtaine de petits tatoos (éphémères) pour enfants, à appliquer à l’eau…