L'histoire :
Le politique véreux Castel-Bénac et sa maîtresse Suzy Courtois règlent à Topaze sa commission sur les balayeuses : 5 200 francs. L’ancien maître d’école n’en croit pas ses yeux ! Il n’est pas dupe, il sait bien qu’on n’offre pas des fonctions de directeur d’agence aussi grassement payées à un homme incapable de les tenir. La bienveillance de ses nouveaux amis cache quelque chose et il sait bien quoi ! Cette histoire d’agence et de balayeuse est une façon déguisée pour Suzy de lui faire la charité. Castel-Bénac le rassure : Topaze lui rend un très grand service. D’ailleurs il lui demande de signer un nouveau contrat en stipulant ses fonctions d’agent d’affaires. Topaze est enjoué et s’exécute sans sourcilier. La charmante Suzy lui demande d’être le plus discret possible : le respect du secret professionnel est la plus grande des qualités dans le monde des affaires...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans la seconde partie de ce dytique, on assiste à la métamorphose de Topaze. Aveuglé par le charme de la belle Suzy, il est devenu l’homme de paille d’un politique qui détourne des fonds publics. Le modeste instituteur, au sens civique des plus aiguisés, va progressivement devenir un homme d’affaires qui, grisé par l’argent et le pouvoir, ne va pas longtemps hésiter à transgresser ses principes moraux et à inverser les rôles. Cette adaptation BD de la célèbre pièce de théâtre de Marcel Pagnol (dont le héros était incarné à l'écran par Fernandel), est un petit bijou. Au-delà du caractère intemporel (un sujet toujours tristement d’actualité) et caricatural de cette histoire, on se délecte de cette comédie fraîche, qui n’est pas des plus morale. Eric Stoffel et Serge Scotto ont su faire revivre cette œuvre avec beaucoup de justesse en collant fidèlement à l’esprit pagnolesque. Pour servir l’humour de cette histoire, les traits de personnalité des personnages sont exacerbés : le naïf Topaze va être débordé par ses émotions, à en devenir presque parano ; Suzy est une redoutable manipulatrice qui joue avec les sentiments des hommes ; quant à Castel-Benac c’est un politique indélicat et outrancier. Eric Hübsch sert un dessin réaliste très expressif et haut en couleurs, qui donne du corps à ce vaudeville provençal.