L'histoire :
Le groupe de musique rock-électro « Playlist », est composé de cinq collégiens : la rousse et handicapée moteur Chloé est au clavier ; le beur Bilal joue de l’oud (sorte de guitare moyen-orientale traditionnelle) ; le métis Marc chante et écrit les textes ; la punkette Sophie s’occupe de la batterie ; et Lucille, le leader, gère les samples et bidouille les arrangements électros. Or leur première composition mise en ligne sur un site de partage connait son petit succès. De fait, Lucille reçoit un coup de fil du producteur, qui l’enjoint à recomposer vite un deuxième « tube » pour installer la célébrité. Au même moment, les quatre autres membres du groupe s’impatientent et s’inquiètent car le local dans lequel ils répètent doit être rasé dès le lendemain. En attendant de trouver un autre local, Lucille propose de profiter de l’absence de son père, parti à l’étranger, pour faire les répétes chez elle, dans son appart. Mais cela n’est pas du goût des voisins, qui appellent la police pour tapage diurne. Mais cela n’est pas la plus mauvaise des nouvelles pour le groupe playlist, qui apprend qu’il va devoir se séparer définitivement de l’un de ses membres, pour raisons administratives…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans le premier tome, le scénariste Stéphane Melchior Durand pose les bases d’une série qui a tout pour plaire au public cible des 8-14 ans (en gros). Cinq djeunz d’un collège y réunissent leurs talents d’instrumentistes pour fonder un groupe de zic particulièrement en phase avec son époque. En effet, l’un joue d’un instrument à corde berbère, l’autre bidouille des samples enregistrés avec son Nagra®, et néanmoins le « son » qui en ressort est visiblement de qualité. Au passage, ces jeunes-là apprennent à ravaler leurs égos et comprennent qu’une « hygiène de groupe » est nécessaire pour que ça fonctionne. Ils apprennent à devenir adultes, en quelque sorte, ce qui révèle une finalité altruiste. Au passage, le scénariste glisse déjà quelques touches sociales, qu’il accentue clairement dans ce second tome. Là encore, il fait écho à l’air du temps : l’un des membres du groupe, doit être expulsé dans le pays d’origine de ses parents, étrangers sans papiers, un pays où il n’a jamais mis les pieds. Ce socle narratif a de nouveau tout pour faire une intrigue accrocheuse, car en parallèle de cette problématique sociale, le succès les tire providentiellement vers le haut. En cédant aux bons sentiments et aux coups de pouces faciles – c’est peut-être là que le scénario trouve ses limites – ils feront d’une pierre deux coups : le soutien médiatique de leur copain les inspirera pour leur tube et leur servira de tremplin promotionnel. Faut-il y voir une petite critique de ces pipoles oubliés qui sont de toutes les révoltes sociales ? Les lecteurs palpiteront néanmoins à ces contingences, d’autant qu’un premier baiser se glisse dans ces pages… et que le dessin de Manboou largement imprégné de manga colle en tous points au registre. Dommage que le format d’édition (comics) de la collection BD Kids l’oblige à être un peu étriqué…