L'histoire :
Ce matin de septembre 1939, Colette et son grand frère Ernest quittent Paris avec leurs parents, en voiture, à destination de la Normandie. Ils se rendent chez leurs Papilou et Mamili, à la campagne, pour y passer des « vacances ». Dès leur arrivée, les dialogues entre les adultes ont de quoi inquiéter les enfants. Leur maman atteinte de tuberculose tousse de plus en plus et s’apprête à aller passer quelques semaines de cure en suisse. Le journal du jour revient largement sur les tensions diplomatiques en Europe. L’Allemagne s’apprête à envahir la Pologne, et la France et l’Angleterre devraient donc dans la foulée déclarer la guerre à l’Allemagne. « Tu vas voir qu’ils vont nous remettre ça » s’inquiète Papilou. Toutefois, les enfants s’émerveillent surtout de leur nouvel environnement. Ils attrapent notamment un petit cochon trop mignon, qui appartient à la voisine Jeanne. Ils n’ont pas tout à fait compris qu’il finirait en saucisson et qu’il ne s’agit pas vraiment d’un animal de compagnie. Gaston, le fils de la ferme voisine, est du même âge qu’Ernest, mais il a décidé de l’embêter. Il l’enferme dans le poulailler pour que les poules l’attaquent ! Puis dans la soirée, la radio annonce officiellement que l’engrenage de la guerre est lancé. Leur papa va aussitôt recevoir l’ordre de mobilisation générale. Il semble bien que ces grandes vacances à la campagne chez Papilou et Mamili vont être trèèèèèès longue…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après La guerre des Lulus et Les enfants de la Résistance, voici une nouvelle série nous permettant d’appréhender une guerre mondiale à travers les yeux des enfants, en immersion sur le terrain. Frère et sœur, Ernest et Colette sont en effet en vacances en Normandie chez leurs grands-parents, lorsque l’Europe s’embrase en septembre 1939. Ou plutôt, lorsque les déclarations officielles de guerre aboutissent à la mobilisation générale et à la « drôle de guerre », 9 mois de latence qui précédèrent la blitzkrieg (mai 1940). Mais ces considérations militaires et géopolitiques, Ernest et Colette n’en ont pas vraiment conscience dans ce premier tome. Ils sont en effet occupés à se faire « la guerre » avec ce chenapan de Gaston, fils des fermiers voisins, qui ne fait rien qu’à les embêter. Cela permet tout de même au collectif de scénaristes d’aborder quelques dégâts sociaux, à hauteur d’enfant : le rejet de l’étranger, les restrictions de nourriture, l’importance de la Mémoire, notamment à travers les monuments aux morts. Ces concepts ne sont pas du tout abordés de manière trop professorale ou artificielle, ils font sens avec le récit, qui met essentiellement en scène des préoccupations d’enfants : les copains et les copines, les cabanes dans les bois, les petites bêtises du cochon, l’amour parental. Cette bonhommie est renforcée par le dessin plein de tendresse d’Emile Bravo, dans un registre jeunesse parfaitement adapté et abouti (évidemment !). La guerre s’installe vraiment à la toute dernière page de ce premier tome, avec la ville de Dieppe en flammes et un avion qui s’écrase à proximité. Mais cela sera pour le tome 2…
