L'histoire :
Jordanie, 2016 : depuis 4 ans, la famille Aldabaan a fui la Syrie. Cette fois, ils ont enfin reçu leur autorisation de voyage pour les Etats Unis. Tandis que Naji, l’aîné des 5 enfants, rêve de partir, Ibrahim, le père de famille, est quant à lui plus indécis. Yumma, la grand-mère est restée en Syrie : elle a également obtenu un visa pour les USA, mais elle ne souhaite pas partir tant que 2 de ses fils n’ont pas eux aussi l’autorisation de quitter leur pays. C’est une décision difficile pour Ibrahim : partir avec sa femme, ses enfants ou rester à attendre le reste de la famille ? Pendant ce temps aux Etats-Unis, les sondages pour les élections présidentielles sont de plus en plus serrés. Si Donald Trump est élu, les visas risquent d’être annulés. Et plus aucun espoir pour la famille de se refaire une vie.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jake Haplpern, un journaliste américain, a suivi durant 3 ans une famille de réfugiés syriens, les Aldabaan. Son reportage, qui raconte leur arrivée et leur installation aux USA, a ensuite été mis en image par Michael Sloan et publié dans le New York Times. En 2018, ce reportage dessiné a reçu le prestigieux prix Pulitzer du dessin de presse. Ces familles qui ont déjà tout perdu en quittant un pays en guerre vont connaître d’autres difficultés en arrivant dans le pays qui les accueille. Ils sont marqués par la violence du régime qu’ils ont fui. La moindre voiture de police est ainsi perçue comme une menace. Ils n’échapperont pas aux menaces de mort par des coups de fils anonymes de racistes ou d’autres intimidations physiques. Les auteurs décrivent une forme d’urgence anxiogène dans l’intégration : apprendre la langue rapidement, trouver un emploi pour éviter de se retrouver à la rue, s’intégrer au lycée, etc. C’est notamment grâce au soutien d’autres personnes qui ont elles aussi été déracinées que ces familles vont pouvoir s’insérer dans leur nouvel environnement. La force de ce témoignage est son authenticité : les faits ne sont pas exagérés, les émotions ne sont ni feintes, ni exacerbées pour tomber dans le pathos. Les personnages sont à la fois dignes et touchants. Ce roman graphique au trait relativement simple est en monochromie bleue. Seul un des 5 chapitres, un flashback, est en gris.