L'histoire :
Maria et Johanna sont deux amies qui viennent tout juste d'entamer leur première année d'études supérieures, dans la deuxième ville de Norvège, très dynamique et attrayante : Bergen. Elles ont la vie devant elles, tout pour être heureuses. Elles sont jeunes, elles viennent de prendre un appartement en colocation, elles sont libres de faire ce qu'elles veulent ! Malheureusement, tout n'est pas si rose dans leur quotidien... Surtout dans celui de Maria. Cela fait quelques temps en effet qu'elle souffre de dépression. Elle est suivie par une psychologue qu'elle voit régulièrement. Mais sa situation ne s'arrange pas. Pire, elle s'aggrave. Maria commence peu à peu à se renfermer sur elle-même, à se couper du monde. Elle sèche les cours, et met son année de fac en péril. Elle travaille avec Johanna dans une boutique pour arrondir ses fins de mois, mais elle est de plus en plus absente. Elle continue tout de même à sortir avec son amie, dans des soirées, dans des bars. Elle boit, toujours plus. Et elle rentre chaque soir avec un nouvel homme pour oublier sa triste vie. Johanna voit que son amie va de plus en plus mal, et va tenter de l'accompagner du mieux qu'elle le peut, pour éviter qu'elle ne sombre encore plus dans cette maladie.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alors qu'elle devrait vivre les meilleures années de sa vie, Maria vit un enfer. Souffrant de dépression, elle n'arrive pas à s'en sortir et s'enfonce de plus en plus dans les méandres de cette maladie. Anja Dahle Øverbye est une autrice norvégienne. Elle s'était fait connaître dans son pays et à l'étranger grâce à son précédent album Sous le signe du grand chien, qui avait reçu le prix de la meilleure bande dessinée Norvégienne au festival de la BD d'Oslo en 2016. Son second roman graphique, Bergen, a été publié dans son pays d'origine en 2018, et il vient tout juste d'être traduit par les éditions Cà et là en France. Comme dans son premier ouvrage, Anja s'inspire de thèmes qui lui sont chers. Elle puise certains passages de son histoire personnelle, s'inspire du cadre de la Norvège pour situer ses histoires, présente des personnages jeunes en pleine transition, et se focalise sur les relations qui les lient entre eux. Dans Bergen, le sujet de la dépression apparaît dès les premières pages. Il est traité avec pudeur, mais aussi avec justesse, et dépeint bien la détresse dans laquelle se trouve Maria. L'illustration, un crayonné sombre dans les teintes de gris et blancs, renforce la noirceur qui la gagne, qui obscurcit son monde. Cette dépression la coupe de ceux qui l'entourent, qui veulent l'aider, qui voient le bien en elle. Elle tentera d'y échapper par l'alcool, la sexualité. Mais ce ne sera que passager, et cela ne l'aidera pas à vaincre la maladie. Sa seule lueur d'espoir va être sa relation avec son amie de toujours, Johanna, qui ne va pas l'abandonner, qui va l'accompagner, et lui dire les choses comme elle les pense. Tel est le portrait poignant d'une jeunesse en désillusion, qui a encore plus de résonnances aujourd'hui, avec la crise de la Covid-19, qui isole les jeunes adultes, et voit le taux de dépression augmenter significativement.