parution 21 avril 2023  éditeur Çà et là  Public ado / adulte  Mots clés Carnets de voyages / Chronique sociale / Education

Darna

Une évocation sympathique du Maroc par le prisme de l'histoire et de la maison familiale de l'autrice, de 1940 à nos jours.


Darna, bd chez Çà et là de Benjelloun
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

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    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

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    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

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  • dessin Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

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©Çà et là édition 2023

L'histoire :

Darna ou « Dar Al ouarata » est la maison du côté de la mère... de Zineb Benjelloun, née à Rabat en 1984. Cette demeure a été construite en 1983 par Basidi, le grand-père de celle-ci, à Casablanca. Avant cela, ses grands-parents ont vécu dans différents endroits, suivant les affectations du patriarche, juge de son état. Un homme cultivé et nationaliste. A chaque nouvelle maison changeant de quartier, une nouvelle fontaine et le même tapis dans le même salon. D'abord dans l'ancienne Médina, dans les années de guerre et 50, où Basidi dirige l'école Al Abdellaouia, puis à la fausse médina durant l'occupation. S'ensuit un déménagement en 1957 à Azrou, dans une maison « Romia » ayant appartenu à des colons, puis dans une autre, à Meknès, entre 1962 et 1971, avant de finir à Casablanca, là aussi troisième maison de colons réaménagée, dans l'ancien quartier européen, jusqu'en 1983. Puis c'est la construction de la Darna, belle et grande maison dont les plans seront réalisés par Barciano, un architecte en vogue à l'époque. C'est là que Zineb va passer l'essentiel de ses vacances. Entre la famille, les aides ménagères, les invités, celle-ci ne désemplit jamais. Tout s'organise autour de Milalla, sa grand-mère...

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Les trente premières pages de ce récit autobiographique sont consacrées aux origines décrites plus haut. Pour cela, l'autrice déroule un documentaire dessiné qui, s'il retient l'attention pour qui s'intéresse à l'histoire et aux relations franco-marocaines, manque un peu de dynamisme. La partie où celle-ci apparait en tant que protagoniste et évoque ses propres souvenirs, amène rapidement des partis-pris, culturels et politiques, rendant la lecture bien plus pertinente. Zineb révoque par exemple ses débuts audiovisuels au Maroc, à la fin de ses études en France. Fatiguée de ne pas obtenir de papiers, elle rentre au pays et travaille un court temps pour la chaine Medi 1Tv. Finalement, c'est sur une tonalité bien plus lâchée graphiquement, et avec un humour notable qu'elle va évoquer la vie au sein de la maison, dont elle va faire partie pleinement. Elle s'attarde alors sur le (non) partage des tâches entre femmes et hommes, focalisant entre autre sur Habibi, un de ses oncles, doux rêveur, ne faisant pas grand-chose de ses journées, et à qui le livre est dédié, ou son grand-père, dont la belle bibliothèque sera disséminée à sa mort. Au final, Darna offre un voyage intime et attachant au cœur d'une famille marocaine, rendant hommage aux « héritiers » : les membres de sa famille ayant été tour à tour les « protégés », les « décolonisés », les « francisés » puis « les chrétiens sans que Jésus soit au courant », expression faisant référence à la génération suivant celle de l'autrice, parlant à peine l'arabe. On apprécie le ton et le dessin noir et blanc fluide, n'hésitant pas à s'émanciper sur des pages entières, dans un genre stylisé proche de celui couramment utilisé par l'éditeur l'Association par endroit. C'est avec curiosité qu'on lira un récit encore plus personnel et davantage fictionnel de Zineb Benjelloun, certes déjà autrice d'autre courts récits dans des revues graphiques spécialisées. Un talent en pleine révélation.

voir la fiche officielle ISBN 9782369903161